Pic de Jallouvre, traversée des dalles de la Cuchat (2050m)

Cluses ou Bonneville - Le Reposoir ou le Grand Bornand - Col de la Colombière. Grand parking le long de la route au sommet du col, souvent encombré les weekends d’été.

Il s’agit d’un itinéraire hors sentier totalement non balisé et non marqué, qui requiert un bon sens de l’itinéraire. Il faut savoir naviguer entre les obstacles et chercher les passages les plus faciles sur un terrain où la carte IGN n’est d’aucune utilité.

Si cet exercice est bien fait, le parcours n’est techniquement pas vraiment difficile. On traverse généralement des plans herbeux et des dalles où la pente n’est pas excessive, même si l’ambiance "plan incliné* peut impressionner. Quelques petits ressauts faciles et peu exposés doivent être franchis avec éventuellement un pas de II au pire.

Le court passage sur la via ferrata est facile, non exposé aux chutes de pierres, et ne justifie pas de trimbaler tout le barda ferrata. Attention cependant à la difficulté de l’itinéraire de retour. En particulier, le sentier de retour de la via passe par une raide rampe câblée dont la partie inférieure est très déversante et patinée, nécessitant de bien se tenir au câble. Une longe peut être ici utile pour assurer quelqu’un peu aguerri aux passages techniques.

Ascension

Du le col de la Colombière, prendre le sentier se dirigeant vers la combe du Rasoir.
Après une traversée dans l’herbe lorsque le sentier commence franchement à monter dans la combe, le quitter pour poursuivre en traversée dans l’herbe par des sentes à moutons.
Contournant une bosse par le haut, descendre ensuite un peu dans les pentes herbeuses et de pierriers pour contourner par le bas les petites barres rocheuses défendant l’accès au grand plan incliné de la Cuchat, sans tenter de les franchir.
En descendant suffisamment bas (quelques sentes à moutons), on finit par trouver un passage facile dans la petite barre bordant un grand cirque d’herbe et de dalles du plan incliné, sur lequel on prend pied.

Le cirque est bordé d’une barre rocheuse en arc dont la seule sortie se trouve à l’autre bout.
Traverser le cirque au plus facile, en montant puis en descendant un peu.
Tout au bout, après avoir traversé une petite dalle un peu gravillonneuse, s’échapper du cirque en grimpant un petit mixte d’herbe et de roche puis en remontant la rampe au-dessus de la barre sur quelques dizaines de mètres. On finit par trouver un passage facile à grimper à gauche pour rejoindre la rampe au-dessus (un pas de II), dont on sort juste au-dessus par la faiblesse d’une petite barre pour rejoindre une belle dalle de lapiaz.
La dalle est entaillée par une longue fissure horizontale remplie d’herbe, qui peut servir de repère pour retrouver le passage si on devait parcourir l’itinéraire dans l’autre sens.

Poursuivre la traversée ascendante à vue sur un terrain maintenant ouvert, naviguant au plus facile sur les zones herbeuses. On finit par buter sur un ravin infranchissable.
Remonter le long du ravin en direction d’un large couloir dont on sort facilement par la droite.
Plus haut, on rejoint la via ferrata dont on parcourt les quelques dernières dizaines de mètres, traversant des dalles de lapiaz faciles. Le matériel de via n’est pas utile vraiment ici, mais il ne faudra pas oublier d’emporter votre sourire à adresser à toutes les personnes rencontrées en ce lieu, qui pour la plupart vont imaginer que vous avez parcouru l’intégralité de la via sans aucun matériel.

La via se termine en un lieu guère remarquable. Pour ceux qui ne souhaitent pas enchaîner avec l’ascension du Jallouvre par l’arête des Bouquetins, il est toujours possible de poursuivre un peu l’ascension de l’arête sud sur quelques centaines de mètres, soit par les rochers du fil soit par les rampes herbeuses juste à droite, pour atteindre de beaux points de vue où s’asseoir face au panorama.

Descente

Bien que cet itinéraire puisse servir de retour alternatif à la via ferrata, redescendre par là est déconseillé en raison de la difficulté à se diriger puis à retrouver les passages clés pour redescendre dans le cirque, totalement invisibles vus d’en haut.

Poursuivre le sentier faisant suite à la via, plus ou moins horizontal. Arrivé au bout du plan incliné (points rouges balisant le départ de l’arête des Bouquetins), le sentier, câblé, descend une rampe pour prendre pied dans la combe du Rasoir. Le bas de la rampe est déversant et exposé avec des prises très patinées, ce qui obligera à s’accrocher au câble pour franchir ce passage (longe conseillée), et cela peut devenir abominablement malcommode si la roche est mouillée.

On rejoint finalement le sentier du col du Rasoir, raide mais facile, que l’on descend jusqu’au col de la Colombière.

Détail de la sortie du 9 septembre 2020

Il est presque 15h30 au col de la Colombière. Les jours raccourcissent déjà avec l’approche de l’automne et il devient difficile de caser une grosse sortie limitée à une fin d’après-midi. Cependant, les lapiaz de la chaîne du Bargy offre une fantastique richesse d’itinéraires qui, malgré la proximité du touristique col de la Colombière, permet de ce balader loin des foules sur des parcours sauvages pimentés à point de petits ressauts à la grimpe facile et ludique. Et il reste encore des choses à découvrir : En particulier, ce grand plan incliné de dalles et d’herbe à la base de la face sud-est du Jallouvre. La traversée est encore décrite nulle part, mais l’examen de photos montre que ça pourrait passer, mais c’est pas sûr... L’aventure et l’exploration, c’est ça... On y consacre donc cet après-midi.

C’est parti. On quitte le sentier de la combe du Rasoir pour se diriger vers le terrain d’aventures. Voilà déjà des sentes qui se dirigent vers des rampes à remonter, et même un cairn, c’est tentant... On se retrouve perché sur une sente sur une étroite bande herbeuse coincée entre de raides dalles au-dessous et une barre rocheuse au-dessus. Ça passe par là ? Ça devient de plus en plus malcommode... Un dernier ressaut exposé sera l’argument définitif d’un sage demi-tour...

Vu que ça ne passe pas au-dessus, on va chercher plus bas, en tentant de prendre pied dans ce grand cirque plan incliné de dalles et d’herbe clôturé par une belle barre rocheuse en arc, en espérant qu’on puisse en sortir de l’autre côté, ce qui de visu n’est vraiment pas évident. Mais y descendre se révèle déjà compliqué, la clôture fait plusieurs mètres de haut, on bute dessus...

L’heure avance, et l’inconvénient de ce versant de la montagne est de plonger dans l’ombre assez tôt dans l’après-midi. On songe déjà en plan B à redescendre au col de la Colombière et remonter en face vers la Pointe d’Auferrand pour terminer la journée sur un coucher de soleil, mais un passage raisonnable vers le cirque semble finalement se dessiner encore plus bas...

Bon, on est venu pour ça, allons quand même voir. On descend donc encore plus bas vers le passage, confirmé par quelques sentes à moutons dans l’herbe. Le cirque se traverse finalement assez facilement par de petites sentes sur l’herbe, et les dalles en bon lapiaz pas trop incliné se traversent facilement en adhérence.

Voilà, on arrive à l’autre bout où un ressaut de mixte roche et herbe est l’unique faiblesse de la muraille clôturant le cirque. Finalement, le ressaut se monte facilement pour accéder à la rampe au-dessus, ce genre de passage est souvent plus facile lorsqu’on est dedans qu’il ne semble vu de loin.

Il faut maintenant sortir de cette rampe. Heureusement, la barre qui la domine n’est pas bien haute, et un petit pas d’escalade permet de la franchir sur une faiblesse. Une autre rampe au-dessus dont on sort rapidement sans difficultés. Le terrain s’ouvre, on peut poursuivre la traversée.

Mais vers où ? La seule sortie raisonnable semble être de rejoindre l’autre bout, où d’après les observations photo, on devrait pouvoir monter vers le sentier de retour de la via ferrata. On poursuit la traversée à vue dans l’herbe. On est sous de raides ressauts rocheux, espérons qu’on pourra effectivement les surmonter plus loin...

La traversée se retrouve interrompue par un gros ravin défendant l’éperon rocheux parcouru par le haut de la via ferrata. Heureusement, le ravin se prolonge vers le haut par un couloir débonnaire permettant de monter au-dessus. D’ailleurs, c’est là-haut qu’on retrouve le haut de la via ferrata, qu’on termine tranquillement. Et voilà, mission accomplie.

Il est maintenant bien trop tard pour poursuivre vers le Jallouvre par l’arête des Bouquetins. D’ailleurs, le versant de la montagne est déjà dans l’ombre, mais l’arête sud prend encore le soleil descendant. Poursuivons donc cette arête un peu plus haut... De ressaut en ressaut, on s’élève... L’exploration se terminera vers 2150m d’altitude au niveau d’un passage délicat. Ça suffit pour aujourd’hui, on se pose sur un joli promontoire pour contemplation et casse-croûte.

19h30, on redescend tranquillement... Le passage du bas de la rampe de sortie vers la combe du Rasoir, en se tenant sur le câble alors que les pieds patinent sur la roche, sera peut-être la partie techniquement la plus délicate du parcours. La nuit tombe alors que le col de la Colombière a retrouvé son calme... Fin de la balade vers 20h30.