Traversée des crêtes du Château Noir et de Sarenne (3128m) par la combe du Grand Cros

Bourg d’Oisans - l’Alpe d’Huez, prendre la route montant à droite de la station puis vers l’altiport, et poursuivre la route étroite vers le col de Sarenne. Parking au col. Accès également possible par la route du col du Lautaret jusqu’au barrage du Chambon, puis Clavans-le-Haut.

Il s’agit d’un itinéraire en grande partie hors sentier, sans balisage ni cairns, demandant un certain sens de l’itinéraire pour naviguer à vue au plus facile.

La partie la plus délicate se situe dans le contournement des gendarmes de la crête du Château Noir, qui se fait sur des étroites sentes à bouquetins traversant des versants raides et parfois exposés, avec quelques passages où les mains sont utiles. Plus haut, l’arête entre les pics sud et nord se Sarenne présente quelques petits ressauts sans grande difficulté.

Quelques pentes de blocs et de caillasses devront être franchis, notamment sous les crêtes de Sarenne et à la descente dans le haut de la combe du Grand Cros. Ces derniers sont évitables en choisissant de descendre les chemins et pistes de ski de la combe de Sarenne.

Ascension

Depuis le parking, passer à proximité d’une bergerie, puis monter à vue les larges pentes herbeuses se dirigeant vers la combe du Grand Cros. Poursuivre la montée dans la combe proche du fond, alternant petits replats et passages plus raides, en contournant les zones trop raides ou trop caillasseuses.

Vers 2550m, on aboutit dans une large cuvette sous les gros pierriers tapissant le haut de la combe. Du côté gauche, repérer les pierriers roux sous de petits couloirs séparés par de petites tours rocheuses. Monter et se diriger vers le couloir le plus à droite, le plus commode, permettant de rejoindre les pentes supérieures aboutissant à une large crête.

Monter la crête vers le nord. On franchit d’abord un ressaut de dalles, facilement par de petites rampes caillasseuses. On se dirige ensuite au mieux dans les pentes supérieures pour finalement rejoindre le fil de la crête.

Remonter la crête facilement jusqu’à une petite pointe, au delà de laquelle la crête se fait aérienne et tourmentée, quelques gendarmes barrant le chemin. La suite se fait dans le versant ouest (gauche), en descendant sur d’étroites sentes à chamois quelques dizaines de mètres sous la crête pour contourner les difficultés. Il faudra peut-être chercher des passages pour se faufiler au mieux entre vires et rampes parfois exposées, mais ça doit toujours passer facilement, les mains étant à peine utiles pour franchir quelques petits ressauts. Il est inutile de chercher à remonter sur le fil avant d’avoir contourné tous les gendarmes.

La crête finit par s’élargir et former de belles pelouses pour aboutir au sommet du Château Noir. Derrière, on trouve un large replat de caillasses formant le collet au sommet de la combe du Grand Cros et, au nord, le col du Piéfroid et la base sud de la crête de Sarenne. Traverser ce replat pour rattraper le large chemin taillé en balcon dans la pente pour contourner la base et basculer versant ouest de la crête de Sarenne.

Dès que c’est possible, quitter le chemin pour remonter la caillasse de la crête. Ne pas viser directement le sommet, mais tirer sur la droite pour trouver des pentes plus faciles menant à une large bosse de la crête, d’où le Pic sud de Sarenne s’atteint sans difficultés.

Poursuivre sur la crête vers le nord sur le fil, en contournant éventuellement quelques petits ressauts par la gauche. Après avoir franchi une zone de blocs un peu plus tourmentée, la crête remonte en direction du Pic nord de Sarenne. Le sommet s’atteint par quelques mètres de progression ludique pas trop difficile. La vue s’ouvre sur la combe du Grand Sablat, et s’étend sur l’immense décor de crêtes et combes de l’Arvan.

Il peut être tentant de vouloir poursuivre l’arête vers le nord pour descendre en direction du refuge du GUC et poursuivre par les chemins vers le Pic Blanc. Hélas, juste derrière le sommet, après une courte dalle exposée sur le fil, on se retrouve bloqué au dessus d’un ressaut vertical très délicat à désescalader, et il n’y a aucune option commode pour contourner cette difficulté.

Descente

Redescendre sur la crête au sud. Là où c’est le plus commode, basculer versant ouest pour viser une petite bosse de la pente. Au sud de celle-ci, on trouve un large couloir de caillasses terreuses croulantes mais pas trop désagréable à descendre, permettant de rejoindre les pentes inférieures. Traverser à vue vers le sud pour aboutir à un joli petit lac glaciaire au pied de ces pentes. En continuant sur le replat vers le sud, on finit par rattraper le large chemin de l’aller, ramenant vers le col de Piéfroid et le replat de caillasses à côté du sommet du Château Noir.

Traverser ce replat vers le sud, visant bien à gauche du point bas du collet basculant dans la combe du Grand Cros. On se retrouve au sommet de la grande rampe de caillasses de la combe qu’il n’y a plus qu’à descendre. Rester plutôt à droite de la caillasse pour y trouver les graviers les plus agréables à dévaler, mais sans se laisser déporter trop à droite vers de raides dalles. On finit par rejoindre la cuvette franchie à la montée, d’où il n’y a plus qu’à descendre vers le col de Sarenne à vue en suivant plus ou moins l’itinéraire de montée.

On notera la possibilité d’éviter la descente de la combe du Grand Cros en poursuivant par les chemins et les pistes de ski de la combe de Sarenne, au bas de laquelle on traversera vers l’est dans l’herbe pour rejoindre le col. Cette option est souhaitable en cas de mauvaises conditions de terrain ou de visibilité, ou si on n’est pas équipé correctement pour dévaler la caillasse du haut de la combe du Grand Cros.

Détail de la sortie du 29 septembre 2021

Le col de Sarenne, un bel endroit pour démarrer des balades, que ce soit dans le versant est des Grandes Rousses, ou bien juste une promenade à la Croix de Cassini... Mais la montagne de Sarenne elle-même ? Certes, ça monte facilement et haut, mais la perspective de se balader sur des chemins 4x4 et des pistes de ski ne comblera pas l’amateur de montagnes sauvages... Mais il y a aussi cette sauvage combe du Grand Cros, montant juste au-dessus du col, qui a l’air bien sauvage. Pour la petite histoire, une piste de ski (la combe du Loup) passait aussi là par le passé, mais c’était l’époque où on ne "remodelait" pas forcément les montagnes à coups de bulldozer pour en faire des pistes boulevard larges, lisses et aseptisées...

En cette journée où le ciel risquait de se truffer de cumulus, on tentera cette petite exploration. Départ vers midi du col de Sarenne, c’est parti dans l’herbe en direction de la combe du Grand Cros. On s’élève, profitant par endroits des dernières framboises. Les cumulus s’invitent dans le décor, encombrant le panorama de leurs masses cotonneuses... Une montée tranquille dans la combe, où l’humain n’a visiblement laissé presque aucune trace. Liberté d’aller ici et là au gré des envies sans avoir à chercher sentes et cairns...

Au replat vers 2550m, le haut de la combe se dévoile, et sa grosse coulée de caillasses qu’il faut remonter pour en sortir par le haut. Mais à gauche, cette crête du Château Noir mène presque au même endroit... Au vu de ce petit couloir permettant de monter sur la crête, n’irait-on pas explorer son parcours, utilisant cela comme prétexte pour s’affranchir des caillasses ?

Direction le couloir, qui se monte sans grosses difficultés. Puis la montée vers le fil de la crête, les dalles qui la défendent n’opposent guère de problèmes. Et voilà le fil qu’on suit facilement... La vue s’ouvre sur la combe de Sarenne, "aménagée" comme il se doit, on n’y prête guère attention.

Voilà que soudainement, la crête, exposée des deux côtés, se fait tourmentée, avec quelques gendarmes barrant le passage. Gros doutes sur la suite à donner à ce parcours. D’ailleurs, aucun passage ne semble possible pour descendre dans la combe de Sarenne. Après une petite pause, alors qu’on se résigne à redescendre la crête, voilà qu’une étroite sente à chamois se montre dans le versant ouest. C’est un peu exposé, mais à défaut d’autre chose, ça vaut le coup d’aller voir... Finalement, ce versant n’est pas si abominable que cela, on arrive toujours à passer par une succession de petites vires séparées par des ressauts faciles, même si il faut parfois chercher un peu. On progresse, malgré le brouillard qui maintenant bouche la vue...

Et voilà que la crête s’élargit... on aboutit au point haut, c’est le sommet du Château Noir. Derrière, on voit où le haut de la combe du Grand Cros débouche, et derrière se trouve le col du Piéfroid et les chemins taillés dans la pente rejoignant les pistes de la combe de Sarenne... Voilà, la première partie du parcours est faite.

Pour la suite, allons s’offrir la crête de Sarenne. Petites hésitations à attaquer la crête directement depuis la col du Piéfroid par de raides pentes de dalles caillasseuses, mais on ne voit pas du tout la crête plus haut, avec possiblement quelques ressauts infranchissables barrant l’accès au sommet sud de Sarenne... Bon, on ne risquera pas cela aujourd’hui dans le brouillard, on va tranquillement contourner la base de la crête par le chemin.

On montera donc au Pic Sud de Sarenne par la caillasse du versant ouest, puis on poursuit tranquillement par le fil jusqu’au Pic nord de Sarenne. C’est esthétique mais jamais difficile, les nuées masquent le panorama à l’est mais l’ambiance est sympa...

16h, le sommet... Poursuivre vers le nord ? C’est tentant, le refuge du GUC semble tout proche, et le Pic Blanc, maintenant bien dégagé, devrait offrir une belle vue... Hélas, après un passage exposé, un ressaut de 3m semble impossible à désescalader... On passe un bon moment à chercher un contournement quelque part dans le versant ouest, mais on ne trouve rien de raisonnable... Tant pis, ce sommet sera lu but du jour...

17h, après une bonne pause, on attaque la descente. Un dernier détour touristique par le petit lac glaciaire en bas des pentes de la crête, puis on rejoint le chemin ramenant au sommet de la combe du Grand Cros.

On plonge dans la caillasse, qui en descente n’est pas trop désagréable à dévaler, pour peu qu’on se donne la peine d’observer un peu pour trouver le meilleur itinéraire. Le soleil se couche, après avoir laissé passer quelques rayons colorés éclairant le décor entre les cumulus se dissipant progressivement... On rejoint les pentes herbeuses dans le calme absolu de la nuit tombante... Fin de la balade vers 20h.