Sortie du 28 octobre 2019 par Dyn’s La Mait d’Amunt (2804m) par le col d’Urine

Ascension d'un modeste sommet avec un panorama grandiose sur les hauteurs de Valpréveyre, un bout du monde du Queyras.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Voile nuageux.

Récit de la sortie

De retour de ma traversée de la pointe de Rasis, je compte bien m’offrir une dernière escapade aux couleurs de l’automne dans le Queyras. J’ai plusieurs secteurs en tête comme d’habitude, mais c’est celui de Valpréveyre qui remonte en haut de la liste. Me souvenant de mon ascension de la Tête du Pelvas au départ du hameau, je sais que les mélèzes seront au rendez-vous. Je vise alors la Mait d’Amunt, un modeste sommet entre les deux emblèmes du secteur : le fameux Bric Bouchet et cette imposante Tête du Pelvas.

Je débarque la veille en milieu d’après-midi, je pars directement me promener dans le vallon de Bouchet pour me dégager quelques vues sur le Bric homonyme accompagné des mélèzes en feu. Le gardien du camping, fermé depuis mi-septembre, m’autorise d’établir mon campement sur son terrain, bien mieux accueillant que le parking à l’entrée du hameau.

Départ aux aurores, je remonte le magnifique mélézin le long du torrent d’Urine. Après sa traversée à l’aide d’une passerelle, le sentier grimpe en lisière de la forêt. La Tête du Pelvas ne tarde pas à s’imposer dans le décor. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages donnant des jeux de lumière saisissants sur les versants en rive droite du Guil. Ce voile nuageux procure une ambiance des plus sauvages avec ces belles couleurs de l’automne. Tout semble se préparer à l’hiver qui arrive à grand pas, à l’hibernation avant le prochain cycle de renaissance. Tout est encore plus calme, plus silencieux que jamais. Cette atmosphère de transition, si particulière, qui règne à cette époque de l’année est incontestablement l’une de mes favorites.

Plus haut dans le vallon, la forêt s’amenuise, ne reste que des mélèzes esseulés ci et là, parmi les rases pelouses d’altitudes. La neige fait son apparition sous le col d’Urine dominé par la colossale Tête du Pelvas, un bastion de gabbro reposant sur la zone des schistes lustrés.

Le gabbro ? C’est une roche plutonique, autrement dit une roche issue d’un magma à refroidissement lent. La roche volcanique (magma refroidi rapidement) correspondante est le basalte (constituant par exemple le Bric Bouchet, tout proche). Le gabbro, comme le basalte, est également une roche verte, c’est à dire qu’elle provient de la croûte océanique. Elle témoigne de l’existence d’un ancien océan aujourd’hui disparu. Au col, une autre roche se mélange dans la grande casse. C’est du marbre (calcaire métamorphisé pour le géologue). En effet, en levant les yeux, on peut apercevoir un affleurement. Que nous raconte tout cela ? Il faut remonter à l’époque lointaine de cet ancien océan où des sédiments ont formé des marnes et du calcaire. Lors de la rencontre des plaques tectoniques, ces roches sédimentaires ont été transformées en profondeur par la chaleur et la pression (métamorphisme) donnant ainsi des schistes lustrés et du marbre. Puis, par charriage, des monceaux de croûte océanique ont recouvert ces derniers. Voici l’histoire succincte des sommets tels que la Tête du Pelvas et le Bric Bouchet, mais aussi de la Tête des Toillies et du Viso…

Revenons à nos moutons… Bon, ils sont redescendus, mais c’était pour l’expression ! Disons, revenons à nos chamois ! Car ils ne manquent pas dans les dernières pentes de la Mait d’Amunt. Le sommet s’atteint aisément en hors sentier, et délivre une vue généreuse sur les alentours. Le Viso, plâtré de neige, s’impose comme le seigneur sur ses terres. Le cairn sommital est assez grand pour me protéger des rafales de vent. Je peux me poser, le temps de me rassasier d’un quignon de pain et d’un morceau de fromage, avant que le froid piquant ne commence à m’engourdir…

J’entame la descente, encapuchonné dans ma veste d’hiver, je tiens à me réchauffer avant de retirer quelques couches. Je regagne le col fissa. Le voile se dilate et le soleil pointe son nez. Un peu de chaleur ne fera pas de mal ! Je me déshabille plus bas dans le vallon à la limite de la transpiration. Je continue paisiblement en empruntant le sentier en rive gauche du torrent d’Urine, puis bifurque en direction de la cabane de Pierres Écrites idéalement située dans une clairière. J’y reprends une pause. Vivre quelques semaines dans une cabane dans les bois est une expérience qui m’attire. Venir après le départ du berger et rester jusqu’aux premières neiges… Voir les mélèzes verts tournant au jaune, à l’or, au roux… Observer les animaux revêtant leur pelage d’hiver… Porter son attention sur la manifestation des éléments… Se reconcentrer sur l’essentiel… Prendre le temps de vivre l’instant présent…

Le retour à Valpréveyre marque la fin de mon court séjour automnal dans le Queyras. Bien content de ce créneau météo in extremis. La toute prochaine tendance va amorcer l’hiver, des bonnes chutes de neige sont attendues… Je vais pouvoir retourner à mes classiques dans la contrée lussoise pour contempler les crêtes et les aiguilles dévoluardes revêtues de leur nouveau manteau blanc, à deux pas de la maison…

. Randonnée réalisée le 28 octobre 2019

. Dernière modification : 5 novembre 2019 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • Salut Arnaud ,
    Belle sortie ,merci de l’info géologique !
    Peux tu me renseigner sur la cabane bas flanc, matelas , poêle , nombre de place cela pourrait être sympa l’hiver
    merci
    @+

    Le 7 novembre 2019 à 18h27
  • Salut Jean, merci de ton retour.
    Des planches de bois et des pans de laine de verre, en vue d’une meilleure isolation, sont entreposés dans la cabane, donc un peu encombrée... Sinon, il y a un grand matelas, un peu serré pour deux personnes (rien n’empêche d’installer un matelas supplémentaire au sol...), un poêle, une table, des chaises, ... Tout le confort nécessaire en somme !

    Le 7 novembre 2019 à 18h54
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