Sortie du 23 février 2020 par CourtePatte Quigouret (1729m) - La Pignée (1530m) - Testoune (1533m) - Les Brûlots (1520m) - Banette (1509m)

Grand beau, luminosité assez nette

Puisque ce faux printemps semble décidé à durer encore un week-end, profitons-en pour une petite balade de remise en jambes entre Dévoluy et Diois.

Seulement, comme je veux d’abord rendre une petite visite à la Rochette, je descendrai du bus à la Faurie et je prendrai le topo à l’envers. Ça veut dire que je me fierai surtout au tracé, les explications étant à prendre à rebours. Aucun problème : l’essentiel de la rando se fait très facilement à vue, tracé et explications complétant parfaitement l’interprétation du terrain.

Je passe donc par le col du Dresq et rattrape l’itinéraire au col de Montanit via le GR de Pays.

En arrivant au sommet de Banette, je me suis dit : « A faire le topo dans ce sens, tu as peut-être mangé ton pain blanc d’abord. C’est rare d’avoir une vue qui montre aussi bien à la fois le Grand Ferrand et l’Obiou (vu de l’ouest ce dernier est souvent un peu masqué par ses voisins), c’est peut-être le plus beau panorama de la balade ».

Une fois au sommet de Testoune, j’ai dit « Ah ouais ! On commence à voir la Tête et la combe de la Cluse. C’est pas mal ça non plus... »

Sur les pentes de Testoune, on a en pleine vue, à l’ouest, le col du Tat qui fait échancrure entre le Quigouret et le Rocher des Selles. Et là, parfaitement cadrés dans le V du col, je vois....les Trois Becs. Ils étaient tellement nets qu’au début j’ai pensé « Impossible, ce sera quelque bout du Vercors que tu analyses mal ». Sauf que pour une imitation c’était drôlement réussi : je distingue même Rocherousse ! Décidément il y a une surprise à chaque nouvelle bosse sur cette balade.

Et en haut du Quigouret je n’ai plus rien dit.

Parce que j’avais beau avoir vu les photos, je n’étais pas préparée à ce 360° où l’on se sent comme suspendu dans l’espace, et où tous les points cardinaux ont un petit cadeau pour moi aujourd’hui. D’abord, bien sûr, le long panorama du Dévoluy enneigé et sa cour de petits sommets du Trièves et du Bochaine ; les villages sont des jouets au creux des vallées minuscules sous la masse des forêts. Au sud-est, des tas de choses familières : le gros dos d’Aujour, l’écuelle enneigée de Céüse, et même, sur l’horizon, la double écaille de la Grande Séolane ; plein sud, les échines de Chabre, Lure, et encore un peu plus loin l’énorme croupe du Ventoux.
Mais c’est peut-être la vue à l’ouest qui m’épate le plus. On devine parfaitement l’entaille sinueuse de la Drôme, avec le Glandasse et le Rocher d’Archiane en rive droite ; un plus loin les Trois Becs et Couspeau ; tout ça parmi la bousculade immobile des sommets du Diois. Au-delà, pour une fois, le bassin du Rhône n’est pas noyé sous la brume et on distingue si bien la ligne des sommets ardéchois que je parviens à y apercevoir, minuscule, le ressaut du mont Mézenc.
C’est une leçon de géographie en plein ciel. Encore n’avais-je pas les jumelles : nul doute qu’avec elles je voyais le Canigou et le Mont Saint-Michel !

Malgré la brise il ne fait pas froid et je suis drôlement bien là-haut, baignée de lumière et de silence.

Mais il faut descendre. Sous la Pignée, les alpages ont des airs de Haut Plateau du Vercors avec leurs pins tordus au creux des pelouses ; j’ignore s’ils sont aussi riches en flore printanière. Déroutée par la tiédeur de l’air et l’affairement des oiseaux, je me surprends à guetter d’improbables floraisons ("En février ! et quoi encore ?").

C’était la première fois que je montais de ce côté du Buech ; ce ne sera peut-être pas la dernière. En tous cas, il m’a bien semblé que ce topo ne perdait rien à être effectué dans ce sens-là !