Sortie du 6 juillet 2020 par Nardino La Jonction (2589m)

La Jonction est l’endroit comme son nom l'indique, où se séparent, ou se rejoignent, les deux immenses cascades de glace que sont les Glaciers des Bossons et celui de Taconnaz. Monter à la "Jonction" est une façon simple de côtoyer d'immenses glaciers et de se retrouver tout au pied et tout proche du Mont Blanc et de ses satellites immédiats. sans avoir à chausser des crampons.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Ciel bleu avec quelques passages de nuages légers le matin, soleil le reste de la journée, température agréable, sentier "autoroute" avec des passages rocheux amusants...

Les rhodos en fleur sous fond de neige étincelante c’est superbe !

Récit de la sortie

Une balade qui a donc commencé sous les meilleurs auspices, et qui s’est terminée aux Urgences de Sallanches.

En fait les chaussures d’alpi c’est extra. Mais quand on chausse du 46 il ne faut surtout pas oublier que compte tenu de leur empattement on ne peut les loger partout dans les gadins sans un minimum d’attention.

Quelques données sur la sortie :

Dénivelée : + 1525 m
Distance : 14 km
Durée : 8 à 9 h

Nous nous sommes garés au parking du Mont quelques 5 km après les Houches..

Le sentier direction La Jonction est tout de suite là.

Très large et confortable il nous mène assez rapidement à l"arrivée du télésiège, au Chalet du Glacier des Bossons (1500 m).

Va commencer alors une longue montée en lacets sur la Montagne de la Côte vers le Chalet des Pyramides (1895 m) (j’en ai compté 32 sur mon enregistrement) .

La montée est agréable sous les sapins. La pente est celle d’un sentier muletier. Le chalet ayant été construit en 1904 sur l’itinéraire historique du Mont Blanc sans doute ces Dames et ces Messieurs louaient-ils alors les services de muletiers pour y accéder. Ceci expliquerait donc cela.

D’une épingle à l’autre le cheminement propose alternativement des vues sur les deux glaciers, celui de Taconnaz et celui des Bossons. Enfin... ce qu’il en reste...!

Après un passage aménagé, escalier en bois et chaîne, (apparemment un éboulement aurait emporté le sentier initial) on atteint le Chalet des Pyramides (fermé ce jour pour cause de terrassement).

On poursuit l’ascension au milieu d’arcosses, et quelques 150 m plus haut on atteint la pelouse alpine. On passe successivement sous le Bec du Corbeau (221 m) puis sous le Mont Corbeau (2334 m).

On rentre alors dans un terrain plus rocheux, plus alpin, qui oblige à quelques pas d’escalade très facile. Le cheminement nous est indiqué par de gros points jaunes.

Après une bonne grimpette on arrive à deux gros rochers posés l’un contre l’autre, formant une petite grotte : c’est le fameux gite à Balmat. C’est ici qu’avec J. Paccard ils vont bivouaquer pour attaquer le lendemain 8 Août 1786 la première ascension du Mont Blanc.

A partir d’ici la montée finale vers le point côté 2589 m communément appelé la Jonction est évidente et rapide. En fait ce point est l’extrémité et le point le plus élevé de la Montagne de la Côte.

Nous nous trouvons alors devant un immense plateau glaciaire particulièrement chaotique et crevassé.

La Jonction à proprement parler est matérialisée aujourd’hui par cette bande noire qui débute à l’extrémité basse des Grands Mulets, et vient jusqu’à la droite des rochers sur lesquels nous nous trouvons.

Cette bande surligne l’endroit où les Glaciers du Taconnaz et des Bossons, jusqu’ici séparés par les Grands Mulets, se rencontren,t avant que la Montagne de la Côte ne les sépare à nouveau.

Le premier prend sa source au Dôme du Goûter tandis que le second est alimenté de façon sans doute plus importante par les neiges des 3 Monts Blancs. Cette différence d’apport de neige expliquerait l’impression d’un glacier de Taconnaz apparemment plus touché par la fonte des glaces. Maintenant il est très nettement partagé en deux langues.

Ambiance de Haute Montagne, alors qu’on est qu’à 2589 m d’altitude. A noter que contrairement à ce qui se passe d’habitude, les gens sont tous tournés vers les sommets ignorant le panorama de la vallée derrière eux. On les comprend !

On passera tout le temps du casse-croûte à détailler ce panorama spectaculaire qui va de l’Aiguille du Midi au Dôme du Goûter en passant par les trois Monts Blancs. Et évidemment en égrenant quelques souvenirs (mais très très rapidement, sinon on se choppe le tozon).

Ceci dit, personnellement, j’avais beau me dire que c’était magnifique, mais la vue de l’état de ces deux glaciers, Bossons et Taconnaz pendant la montée me gâchait le moment. J’avais la très nette impression de vivre le crépuscule d’une époque.

La redescente s’est effectuée exactement par le même itinéraire.

Sauf que...

Un peu plus bas que le gite à Balmat, dans une partie rocheuse, mon pied gauche est resté coincé dans une anfractuosité. Résultat un déséquilibre et un plongeon dans les rochers plus bas.

J’avais oublié que j’étais chaussé d’alpi pointure 46 et que des engins de cette taille, c’est pas des ballerines.

Gros valdingue et grosse volée de coups un peu partout mais par miracle ma tête n’a tapé nulle part. Par contre mon thorax ayant violemment heurté un caillou, ça été un peu comme une ruade de mulet, j’ai eu pendant quelques instants de la peine à reprendre mon souffle.

J’avais du sang un peu partout mais ça venait d’une entaille au bout d’un doigt.

Mentalement et physiquement OK, j’ai refusé que ma femme appelle les secours et on s’est remis en route.

Très vite je me suis rendu compte que le bras gauche était inutilisable. Résultat petit problème pour la désescalade, donc beaucoup d’application.

Et hop ! 1300 - 1400 m de dénivelée avec mon bras en vrac, le souffle court et la nette impression d’être passé dans une moissonneuse-batteuse. Une longue, très longue descente tout au long de laquelle il a fallu que je déride ma femme dont le silence m’inquiétait.

Arrivés au parking direction les Urgences de Chamonix, fermées, puis celles de Sallanches.

Diagnostic : fracture du radius, plus quelques arrachements, plus pas mal d’ecchymoses... Seulement. Un miracle. Cinq semaines de plâtre et un mois avec une attelle.

Drôle d’année 2020 !

. Randonnée réalisée le 6 juillet 2020

. Dernière modification : 23 août 2020 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • J’admire que tu puisses en parler avec un tel détachement, même si le plus dur est peut-être passé. "Drôle d’année 2020 !" : plutôt que "drôle" je crois que j’utiliserais un qualificatif un peu plus, disons, énergique...

    Belle balade mais cher payée. Merci de partager avec nous ce rappel à l’attention en montagne.
    Petite question (si elle te semble indiscrète inutile de répondre) : avec le recul penses-tu qu’il était prudent d’insister pour se passer des secours ? J’ai cru comprendre que la réaction "Mais non voyons je suis encore capable de me débrouiller" était assez typique dans les minutes qui suivent un accident, et surtout dictée par l’adrénaline.

    Bonne fin de rétablissement !

    Le 26 août 2020 à 21h34
  • D’accord avec CourtePatte pour la qualification de cette année 2020 ! On doit penser au même mot...
    Désolée pour cet accident et bon courage à toi pour la suite....et surtout patience ! La montagne t’attendra...

    Le 26 août 2020 à 21h59
  • Merci pour vos sympathiques messages.
    De la patience, de la très Sainte Patience mais avec beaucoup de relativisation.

    S’il est vrai que j’ai refusé d’appeler les secours parce que je me sentais tout à fait capable de redescendre sur mes deux pieds, la vraie raison a été que peut-être on n’aurait pas fait monter ma femme aussi dans l’hélico et qu’il était tout à fait hors de question que je la laisse là-haut toute seule.

    Elle était fortement choquée, il y avait encore des passages un peu olé-olé et faire cette longue descente toute seule signifiait aussi un passage en boucle dans sa tête de plein de choses ce qui n‘aurait fait qu’aggraver le choc émotionnel. Et après il aurait fallu qu’elle prenne toute seule la voiture jusqu’à Sallanches.

    Ainsi jusqu’en bas je me suis employé à la distraire et à essayer d’effacer tout ça. Le super, super accueil des Urgences de Sallanches, la décontraction et le professionnalisme du personnel et surtout les excellents résultats des examens ont fait le reste.

    Tout ceci étant dit et mis à part, je déconseille formellement à quiconque de faire pareil.

    Après il y a une troisième raison cachée. Les anciens m’avaient toujours rabâché « Quand tu emmènes quelqu’un par là-haut, tu le ramènes. ». Et là à plus forte raison, c’était ma chère et tendre..

    Le 2 septembre 2020 à 11h16
  • Bon courage Nardino pour les quelques jours restants avec l’attelle ! Sacrée sortie ....

    Le 2 septembre 2020 à 14h35
  • C’est exactement ça après un secours, on finit seul et après on va chercher seul le blessé à l’hôpital, souvent assez loin... Mais on n’a pas toujours le choix.
    Bravo Nardino pour votre courage !

    Le 2 septembre 2020 à 21h34
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