Sortie du 9 mars 2021 par Pascal Pic du Mas de la Grave (3020m) par le Chazelet

Emerveillements et petites galères pour accéder à un des sommets remarquables de l'Arvan.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Beau en matinée après dissipation des nuages bas. Arrivée de bancs de cumulus durant l’après-midi, petits mais encombrants, poussés par le vent du nord, accrochant mes montagnes entre 2600m et 3200m en lâchant quelques flocons.

Récit de la sortie

Au départ, il était prévu que les Pics de la Buffe d’en Haut inaugurent cette première visite en cette saison hivernale de cette région sauvage et magnifique. Cependant, à l’arrivée matinale au Chazelet vers 9h, il faut se rendre à l’évidence : Tous les versants sud des crêts sont déneigés, montrant leurs larges pans herbeux bruns le long du vallon de la Gâ.

Changement d’objectif : On ira plutôt en direction du Pic du Mas de la Grave, ce qui permet de profiter des grandes pentes versant rive droite du vallon, encore relativement enneigées. On traverse le torrent vers le téléski, et après quelques courts passages déneigés en bas du vallon, on peut rapidement chausser les skis et poursuivre sur les chemins, puis en traversée dans les belles pentes enneigées.

Les nuages bas de la matinée se sont rapidement dissipés, laissant place à quelques modestes cumulus accrochant certaines crêtes. Le décor est magnifiquement blanc, tout juste rafraîchi par les averses de la veille ayant déposé quelques centimètres de poudreuse sur la vieille neige bien transformée. En attendant, c’est la recette idéale pour que des sabots de taille épique se forment sous les skis, entravant pas mal la glisse sur une vieille trace à travers ce décor magnifique.

Si direct soit-il, l’inconvénient de cet itinéraire est de devoir contourner des ravines et pentes raides par le haut, si bien qu’on se retrouve environ 150m au-dessus d’un collet vers lequel il faut redescendre pour aller chercher les pentes du Pic du Mas de la Grave en face.

Ces nouvelles peaux "sans colle"... Certes, on ne risque pas un tour de rein en voulant les décoller et on peut ensuite les rouler et les ranger à l’arrache dans le sac. Cependant, leur inconvénient majeur est que justement elles ne collent pas ! Mises sur les skis avant le départ de la rando, elles tiennent juste suffisamment pour des conditions normales, mais une fois enlevées c’est ensuite totalement impossible de les recoller sur les skis à partir du moment où elles ont touché la neige. En l’occurrence, il aura suffi d’un modeste dérapage dans la descente vers le collet pour que la peau d’un des skis se décolle entièrement, obligeant à terminer la descente skis à la main et neige jusqu’aux mollets.

Et maintenant, on fait quoi ? Il est à peine midi, ce serait dommage de terminer la rando si tôt. Alors, on sort le morceau de ficelle qui traîne toujours au fond du sac au cas où, et on l’enroule bien serré autour du ski de part et d’autre de la fixation. Côté glisse c’est pas terrible, mais cela offre suffisamment d’accroche pour pouvoir poursuivre la montée tant bien que mal, le bottage pour une fois pas trop malvenu faisant le reste.

Cette crête montant presque tout droit vers le sommet semble si directe... Mais voilà, il n’y a rien pour donner l’échelle de ce qui est en réalité immense, et on s’aperçoit à la longue qu’on a beau avancer, on ne progresse quasiment pas. Il faut déjà une grosse heure pour atteindre puis gravir l’Agnélé, la première grosse bosse de cette crête. En attendant, les cumulus ont pris du volume et accrochent maintenant le sommet.

On poursuit tant bien que mal le long de la crête dont la neige se fait de plus en plus mauvaise. On terminera cette épuisante ascension vers 2800m sur une croupe déneigée de la crête, dans le brouillard. Il est environ 14h30. On met les skis en position "descente" et on s’assoit pour un petit casse-croûte.

Et voilà que les nuées s’ouvrent un peu, dévoilant la suite de la crête en direction de l’antécime. Ça ne semble pas très loin... Pourquoi ne pas continuer à pied en suivant le terrain sec ? On laisse skis et sac sur place pour un rapide aller-retour, histoire de s’offrir quand même un petit sommet.

La montée vers l’antécime est en fait plus longue que prévue, et on finit par l’atteindre alors que les nuées sont de retour en force. On devine que le vrai sommet n’est maintenant pas si loin, dans le brouillard au bout de cette arête de neige. Sans vraiment savoir si ça en vaut la peine, on poursuit encore, même si on commence à se douter que maintenant, chaque pas supplémentaire augmente un peu le risque de voir le coût de cette rando majoré de 135€...

Et puis, voilà soudain du bleu, là-bas au bout de l’arête. L’éclaircie s’agrandit, et soudain la lumière... Arrivée au sommet dans une providentielle trouée de beau temps, incroyable blanc et bleu faisant penser à l’oeil d’un cyclone, les nuées tout autour ne laissant guère entrevoir les montagnes environnantes... L’ambiance est magnifique... On aura tout juste le temps de sortir l’appareil photo pour attraper ce qu’on peut...

Il est temps de redescendre. Retour sur la crête alors que l’éclaircie se referme. Descente dans le brouillard lâchant des flocons. On retrouve les skis, il est maintenant 16h passé, il ne faut pas traîner...

La neige sur la crête est assez pourrie, on ira chercher une meilleure neige sur les pentes à l’ouest. Retour vers le collet au bas de la crête. Etant donné les problèmes matériels et le brouillard, on abandonne l’idée de remonter les 150m de neige molle pour glisser les belles pentes enneigées de l’itinéraire de montée, qui en temps normal aurait été l’option la plus rapide. On plonge plutôt vers l’est pour poursuivre la descente classique vers les chalets de la Buffe et le fond du vallon.

Et c’est parti pour une très longue session "ski de fond" en fond de vallée, ponctuée par quelques traversées de torrents. Si pour les premiers on se donne la peine de quelques détours dans la neige molle pour chercher un gué plus ou moins praticable, pour les suivants on traversera droit dans l’eau, peu importe que les pieds soient plus ou moins mouillés, on n’est plus à ça près. Les bras seront fortement mis à contribution pour pousser sur les cannes sur les interminables faux-plats, la neige fraîche et fondante n’améliorant pas vraiment la glisse...

Encore cette longuette remontée bien pénible permettant d’accéder à la dernière descente vers le Rivet puis le Chazelet... Hélas, cette descente tant attendue se voit entrecoupée de multiples portions déneigées, obligeant à d’incessants déchaussages. Et ailleurs, la prudente descente sur les étroites bandes de neige terreuse et glacée recouvrant partiellement le chemin ne peut pas vraiment être qualifiée de "grand ski"... En revanche, les nuées se brisant dans le soleil vespéral offrent une magnifique ambiance...

Fin de la balade vers, euh, disons 18h. Heureusement, sur la route du retour maintenant presque déserte, le surcoût redouté ne se matérialisera pas.

. Randonnée réalisée le 9 mars 2021

. Dernière modification : 14 mars 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • Waouh, sacrée ambiance !

    Le 14 mars 2021 à 09h49
  • J’avais initialement prévu de faire cette balade le lendemain où la météo prévoyait grand beau, mais des empêchements en ont décidé autrement. Mais quand les nuages sont là, c’est quitte ou double en fonction de la chance : Les nuées peuvent ruiner complètement la journée, ou alors offrir une magnifique ambiance rehaussée d’un caractère bien particulier. Avec ici la chance d’avoir eu cette éclaircie providentielle juste au moment d’arriver au sommet.

    Le 14 mars 2021 à 17h31
  • Quelle ambiance...et quelle bambée surtout ! Et à ski en plus ! Bravo...

    Le 14 mars 2021 à 21h02
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