Sortie du 8 juillet 2023 par gegers Pic du Mas de la Grave (3020m) par le Chazelet

Terrain sec en intégralité

Il y a dans le silence du matin la quiétude d’un monde qui nous berce de l’illusions des possibles. Alors que les pas avalent les esthétiques courbes de cette longue piste dont le terminus est la Baraque de la Buffe, le doute et l’espoir s’entremêlent. Les premiers rayons qui vont lécher le Doigt de Dieu et illuminer la Meije sont-ils la promesse d’un monde meilleur, le doux rêve d’un monde où les humains verront dans la pureté d’une belle matinée d’été le signe qu’il n’y a pas de bonheur à la fois plus simple et plus grand que celui de la marche ?

Le Pic du Mas de la Grave en point de mire, l’ascension débute enfin dans les débonnaires pentes est menant à la Cabanote, et tandis que je m’élève un soleil généreux m’accueille. Il n’y a personne, et la tranquillité des lieux est à peine rompue par une légère brise fraîche qui rend l’effort de l’ascension presque agréable. Les premières pentes herbeuses menant au sommet du jour sont un véritable jardin, où des fleurs de toutes les couleurs égayent un tapis vert particulièrement accueillant. Et puis, à mesure que le cheminement se fait plus minéral et désertique, la bise se renforce, donnant au cheminement une savoureuse ambiance haute montagne. Et lorsqu’enfin, le sommet se dévoile, c’est que nous y sommes presque. Cette dernière progression entre les gros blocs de l’arête sommitale prennent des airs de marche entre ciel et terre. En haut, les vautours nous laissent croire que, de ce promontoire, il est possible d’apprendre à voler. En face, le Grand Agnelin semble si proche qu’on croirait pouvoir le toucher du doigt. Le temps est ici suspendu.

Pour que la descente ne soit pas un renoncement, le choix de poursuivre par l’ascension du Gros Têt semble presque naturel. Dans ces prairies généreuses, on marche dans un jardin débonnaire. Et l’on s"y étend à loisir, face au plateau d’Emparis, se laissant bercer par cette brise redevenue caresse. Et puis, 9 heures après avoir entamé cette sortie incroyablement esthétique, la redescente sur le Chazelet prend des airs de retours à la réalité. Mais pour se repaître de la beauté tranquille d’un petit matin d’été, il faut en passer par la rudesse de l’après-midi. Le jeu en vaut bien la chandelle.