Sortie du 26 juin 2021 par CourtePatte La Botte (2248m) en traversée par la cabane de Vaudaine et le balcon des Escombailles

L'Aventure... un peu plus même que n'en promettait le topo.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Météo parfaite.

Récit de la sortie

Cela faisait longtemps que je convoitais les improbables pelouses suspendues au flanc sud de Belledonne, et les gorges qui s’enfoncent dans cette muraille. Aussi avais-je soigneusement retenu ce topo lorsqu’il est sorti l’année dernière. Et après observation de l’enneigement résiduel sur les webcams, il m’a semblé que ce week-end l’aventure était enfin jouable.

Notons au passage que pour les randonneurs non motorisés, le premier péril consiste à braver la RD 1091 entre Livet où s’arrête le bus du Bourg d’Oisans, et le monument aux morts. S’il existe un itinéraire piéton, je ne l’ai pas trouvé.

Le sentier qui monte à la cabane de Vaudaine (également décrit dans le topo Cabane-de-Vaudaine) annonce très vite la couleur. L’ascension est efficace : on n’y trouverait pas 50 mètres de plat. Mais à cette saison, la rudesse du sentier est agréablement compensée par la végétation exubérante qui célèbre le début de l’été : géraniums, silènes de tous profils, et surtout les grandes bougies des asphodèles à flanc de pente.
Lorsque le sentier débouche enfin sur les grands alpages veloutés de la Petite Vaudaine, j’ai l’impression d’arriver en vue de la Terre Promise. Le velours des pentes sous des clochetons de roche très Belledonne, c’est exactement ce que j’espérais trouver ; et l’équipement presque douillet de la cabane conforte encore cette impression de petit paradis dans son isolation splendide.

Désormais, place à l’aventure. Dés les premiers mètres sur la sente "balcon" j’ai le sentiment d’être l’un des premiers randonneurs ici depuis la fonte des neiges ; s’il est passé quelqu’un d’autre, la végétation s’est largement reformée.

J’arrive rapidement en vue du premier passage équipé. Câbles, échelons. Juste avant d’atteindre la portion équipée, notons le franchissement d’un petit pas érodé qui nécessite une certaine attention (visible derrière le randonneur en photo 25 du topo - le muret de soutènement s’y est effrité). Au-delà de ce passage j’aperçois le morceau de bravoure de la balade : les grandes pentes, sous le Grand Van, dont le profil n’a effectivement rien de très rassurant. Je ne sais pas encore ce qui m’y attend....

Puis c’est le deuxième passage équipé. De loin ça ressemble à un escalier... De près, n’ayant pas les jambes d’Adriana Karembeu, je suis bien contente de tirer sur le câble pour me hisser d’une "marche" à l’autre.
Au débouché de l’escalier, l’on accède à la portion la plus délicate : la traversée des pentes rocheuses. La sente m’amène jusqu’à une longue goulotte, sorte de sillon creusé dans la roche par l’eau et la glace (ce doit être ce que le topo désigne comme un "ravin" en photo #30). Ce sillon est entièrement tapissé par un grand névé qui ne facilite pas la perception du terrain. Et me voilà désormais incapable de "lire" la suite de la sente.

De loin, il m’avait semblé apercevoir le fil de cette sente, nettement plus haut que la sortie de l’escalier. Je commence donc à monter... et voilà que je suis prise d’un doute. Le topo ne mentionnait rien au sujet d’un changement de niveau, et je connais ma propension à monter trop haut dans ce genre de situation. Ré-examinons le terrain.

Voilà qu’en contrebas, à peu près à niveau avec le débouché de l’escalier, je distingue une sente bien nette. Le doute n’est pas possible ! Il ne fallait pas monter !
J’entreprends alors, péniblement, de descendre ce terrain rébarbatif où le moindre faux pas, etc etc. Puis je commence à suivre cette sente si bien marquée... qui ne tarde pas à m’inspirer quelques soupçons. Elle s’efface parfois dans la végétation, rien de plus normal. Elle exige de longer une dalle inclinée où je dois soigneusement choisir mes appuis, admettons ! Elle me fait faire quelques pas de désescalade, c’est de plus en plus sportif dis donc... J’ai les mots "draille de chamois" de plus en plus présents à l’esprit, et lorsque mon itinéraire me dépose au pied d’un couloir terreux aussi raide que raviné, le doute n’est plus permis. Ce n’est pas là !

Je me retourne et c’est alors qu’un détail, sur l’arête du pli rocheux en face, me frappe. Ce détail, je l’ai vu sur l’une des photos du topo... Bon sang ! Je suis beaucoup trop bas ! Ma première idée était sans doute la bonne, maintenant il n’y a plus qu’à remonter !
Le bon côté des choses c’est qu’avec toutes ces manœuvres j’ai magistralement contourné le grand névé. J’avise une sorte d’entaille qui remonte droit dans la pente, le rocher y paraît sain avec plein de prises, et j’enfile ça pour rattraper le secteur du topo. Je n’ai même pas le temps de me poser de nouvelles questions : à peine sortie de mon pli rocheux, la première chose que je vois sur ma gauche ce sont... des câbles à flanc de dalle. "Terre !" Pas une minute trop tôt : au total j’ai passé pas loin de deux heures à déambuler dans ces pentes.

Après ça, la suite de la sente fait figure de plaisanterie. Même s’il ne faut pas la prendre à la légère : passages érodés, sections à flanc de pente plus ou moins vertigineuse, disparitions inopinées continuent à se produire, mais l’on s’y retrouve toujours, et cela ne fait qu’accroître l’impression de sauvagerie.

En arrivant au Pas des Escombailles, je suis séduite par le petit lac niché, euh... au pied de la Botte. Tout calembour à part, c’est un petit bijou de transparence émeraude, probablement très éphémère à en juger par sa profondeur. Ce n’est évidemment que le début de la collection de lacs, comme seule Belledonne sait faire, qui m’attend pour la suite de la balade. Qui s’arrêtera au plateau d’Arselle : il est trop tard pour que j’attrape le dernier bus à Rioupéroux, et quitte à faire du stop j’épargnerai la descente à mes genoux.

. Randonnée réalisée le 26 juin 2021

. Dernière modification : 28 juin 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (4).
  • Ouaouh, une courageuse qui a osé tenter cette aventure quelque - peu périlleuse, bravo !

    Le 28 juin 2021 à 14h18
  • Bravo CourtePatte !
    Ce parcours est dans mes projets depuis plusieurs années, mais je crains d’avoir un peu trop laissé filer ces années !

    Le 28 juin 2021 à 18h48
  • 🙂 Evidemment, c’est toi qui sais ce dont tu es capable. A toute fins utiles la partie "balcon" ne m’a pas paru très exigeante sur le plan physique (nettement moins que la montée à la cabane me semble-t-il). Sur le plan, disons, aventureux, c’est une autre histoire....

    Le 28 juin 2021 à 23h03
  • Mouais....on verra ça peut-être cet été, si je trouve un(e) autre fou (folle) pour m’accompagner.....?

    Le 29 juin 2021 à 00h11
  • Superbe récit où l’on voit bien que le topo (pas celui d’Agarock mais en général) a ses limites, surtout sur ce genre de terrain. La photo 7 met d’ailleurs bien dans l’ambiance !

    Le 29 juin 2021 à 15h17
  • Ha ! Pour l’ambiance il y avait aussi un grand vautour fauve qui est venu silencieux juger si je m’en sortais pendant mes cafouillages...Je ne jurerais pas qu’il n’avait pas le sourire au bec...

    Le 30 juin 2021 à 00h04
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