Sortie du 10 juillet 2022 par Rem Chab Sommet de Clot Ginoux ou les Cimettes (2112m) et l’Oratoire par Esparron-la-Bâtie

Chaud, mais pas trop. Personne hormis les deux patous nerveux du début !

Après mon test de reprise au Cousson, j’enchaine le lendemain avec cette sortie concoctée par le padre, qui, lui aussi, se réapproprie progressivement ses terrains de jeu préférés après plusieurs mois de repos forcé. Mon père est celui qui m’a transmis la passion de la montagne en m’emmenant dès mon plus jeune âge découvrir les joies de la rando. Maintenant que je suis devenu papa à mon tour, j’espère bien perpétuer la tradition familiale, une fois que le pitchoun sera prêt à marcher sur les sentiers !

En attendant, Papi et Papa se retrouvent. Mais à peine au bout de quelques minutes de marche, ils vont vite déchanter.

Il est 6h45 du matin, nous sommes sur la piste qui démarre au niveau du ravin de la Garnaysse et nous longeons un troupeau de moutons parqués... lorsque deux patous très agressifs surgissent et foncent sur nous. On a beau dire calmement "bonjour les chiens, tranquille, on ne fait que passer", on se fait malmener au point de sentir qu’ils commencent à sortir les crocs, nous obligeant à faire demi-tour. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que les deux molosses nous laissent tranquilles. On se retrouve donc un peu hébétés à notre point de départ... C’est alors que le berger débarque, en quad, en direction de son troupeau. On lui raconte notre mésaventure et il nous dit que les chiens ont dû passer une nuit difficile. Moi aussi j’en ai eu des nuits difficiles depuis la naissance de mon fils, mais ce n’est pas pour autant que j’agresse les randonneurs ! Blague à part, il nous dit qu’on va pouvoir passer une fois qu’il sera avec les chiens. Cinq minutes plus tard, on repasse effectivement sans encombre, avec quand même le sentiment que cette situation n’est pas normale, que les patous ne devraient pas attaquer quand on est sur un sentier balisé, et surtout, quand les moutons sont dans l’enclos. Certes, on était là sûrement trop tôt le matin, et les patous ont dû être surpris. Mais après, à qui la faute dans tout ça ? Vaste débat !

Cet incident (un peu) oublié, on poursuit sur la piste, avant de bifurquer sur le sentier qui se met à grimper par de longs lacets dans la forêt. La sortie sur la crête des Colles est mémorable, avec tout à coup le soleil qui inonde le paysage et la vue qui se dévoile de l’autre côté, sur le plateau de Bure, les Ecrins, le Morgon... Que j’aime ces couleurs du matin, lorsque le bleu profond des montagnes et le bleu clair du ciel baignent dans la lueur limpide des premiers rayons de soleil !

Nous arrivons au premier sommet, celui de l’Oratoire, après avoir traversé le plateau herbeux qui se redresse bien sur la fin. On peut apercevoir la suite de l’itinéraire, avec notamment la montée bien raide du prochain sommet, le Clot Ginoux. En attendant, on dégaine les jumelles et l’appli PeakFinder pour s’adonner à notre jeu préféré de reconnaître tous les sommets aux alentours ! On guette aussi le troupeau de moutons et nos deux patous favoris qui ont rejoint le plateau et qui heureusement semblent se stabiliser par là.

Comme prévu, la montée ensuite vers le Clot Ginoux est costaude et nous fait bien souffler. On prend soin de ne pas non plus ouvrir trop la bouche, pour ne pas gober les nombreuses mouches et autres insectes qui volettent dans le coin ! La vue en contrebas sur la vallée du torrent de Val Haut retient mon attention. Du sommet, on aperçoit également le lac des Monges, notre objectif de pique-nique. La descente du Clot Ginoux n’est pas des plus agréables, mais quand on se retourne, le sommet nous offre son esthétique profil versant méridional, avec son contraste saisissant entre son flanc Ouest vert et boisé et son flanc Est délité et abrupte.

La montée vers le 3^e et dernier sommet, la Laupie, n’apporte pas grand-chose de plus et peut d’ailleurs être switchée en passant à flanc plus bas. La descente est encore plus désagréable que celle du Clot Ginoux, c’est raide et on glisse sur les cailloux qui se détachent. L’itinéraire redevient clément à proximité du col de Clapouse, caché dans un environnement bucolique dominé par la face imposante des Monges. Un coin idéal pour les marmottes, sauf qu’il n’y en a pas une ! D’ailleurs, c’est ce qui manque dans cette rando. L’absence de faune trahit le caractère "pas encore assez montagne" du coin. Seule la vue d’un Circaète Jean-le-Blanc (a priori !) viendra me consoler un peu.

Le sentier poursuit sa route dans la forêt pour retrouver la piste jusqu’au niveau du lac des Monges. Et à ce moment le moins attendu de la journée qu’on surprend une biche toute proche au détour d’un virage. Instant fugace mais toujours magique ! Nous retrouvons un peu de civilisation autour du lac, cerné de roseaux. Posés à l’ombre sur l’herbe, pieds nus, on savoure notre repas avant de repartir vers la voiture, garée à quelques kilomètres de piste plus loin. On finit fatigué mais heureux d’avoir réalisé cette jolie boucle, dont on se souviendra encore longtemps, surtout vu l’épisode du début !