Sortie du 23 mai 2019 par François Lannes Montagne de Gresse (1686m) - Vire du Serpaton

Elle a tout d'une grande !

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Grand beau temps : soleil, pas de vent.
Sol sec.

Récit de la sortie

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Pour ce qui concerne les randonnées du vertige, sur les vires herbeuses et exposées, ce printemps 2019 n’a vraiment pas été propice !
Plusieurs évènements contrariants se sont succédés.

D’abord : il y eu bien trop de neige, début avril, malgré les jours ensoleillés. Ensuite : des déboires de santé ont obligé à une fréquentation trop assidue des médecins et infirmières, en fin avril. Et pour clore le tout : le mois de mai fut très pluvieux, ce qui n’a rien arrangé. Conclusion d’ensemble : je n’ai encore rien fait de sérieux. De plus, il reste beaucoup de neige en altitude, et en particulier sur les crêtes du Vercors.

Ce n’est que tout récemment que j’ai observé une nouvelle possibilité de vire qui pourrait faire l’affaire malgré tout : les rochers de la montagne de Gresse, dont l’altitude basse – 1650 m environ – pourrait convenir. La disposition de ce versant ‘est’, en plusieurs étages de falaises, fournit la possibilité d’une randonnée du vertige.
Une préparation rapide, mais que j’espère suffisante, me fait décider d’aller vérifier tout cela sur place ce jeudi, grâce à une journée qui s’annonce fort ensoleillée.

Détail qui a son importance : la route goudronnée permet de monter très haut en altitude (1510 m pour une route dans le Vercors, c’est beaucoup, et je crois même que c’est le record du massif), chose assez rare pour être notée, chose qui de plus m’évitera les affres d’un D+ conséquent sans avoir l’entrainement suffisant.
Arrivant au stationnement du Serpaton, je suis bluffé par le panorama splendide sur toute la barrière ‘est’ du Vercors dont on peut profiter ici. Nombre de souvenirs remontent à la surface en voyant ces falaises, dont l’intimité fut déflorée au cours d’heures inoubliables, échelonnées au cours des étés passés.

L’incroyable, vu d’ici, c’est que les passages sur ces vires – pourtant franchis, les uns après les autres ! – apparaissent comme complètement infaisables…
Des yeux, je parcours le fin liseré de neige encore posée sur ces minces replats, liseré qui trace, au milieu des verticales impitoyables, le fil tenu du cheminement emprunté. Malgré la connaissance précise que la mémoire a gardé de ces lieux, je n’ose me persuader d’avoir pu y marcher tout du long.

Et, quand je regroupe toutes ces randonnées du vertige, dont le catalogue est là, comme un livre grand ouvert en face de moi, c’est bien celle du Ranc Traversier avec sa rampe Pagran qui en reste le summum…
Je n’avais pas compris, en programmant cette balade, combien ces petits bouts de montagne, que sont le Pas du Serpaton et la crête de la montagne de Gresse, pouvaient être fantastiques. Et pourtant ils le sont !

La longue barrière des falaises du Vercors, faisant son arc-de-cercle gigantesque depuis les Deux Sœurs au nord, jusqu’au Grand Veymont – et aussi jusqu’au Mont Aiguille – au sud, donne l’impression que l’on se trouve, ici, au centre du décor, comme au creux utérin des falaises.
Une sourde chaleur envahit le corps, et l’esprit.
Et, à l’équivalent du four solaire de Font Romeu - Odeillo, dont les miroirs concentrent les rayons du soleil pile sur la chaudière, les falaises du Vercors concentrent ici, au Pas du Serpaton, les rayons de leur formidable présence…
J’ai très chaud tout d’un coup.

Et puis que dire aussi, lorsqu’on arrive à la croix de Gresse, un peu plus haut, de cet autre panorama – vers l’est cette fois – qui s’affiche en vis-à-vis du précédent ?? Le Dévoluy, le Taillefer, Belledonne, et l’Oisans en toile de fond, tous garnis d’une neige encore très présente en haute altitude, pour cette fin mai 2019…

Trouver comment rejoindre la trace des bêtes sur la vire inférieure est le premier problème à résoudre.
La descente directe sous la croix de Gresse, le long du thalweg, s’avère ne pas être la bonne solution, car une falaise en bloque la partie finale, tout en bas ; et le petit ruisseau, qui jaillit ici, finit en cascade par-dessus ce mur calcaire. Il me faut aller plus au nord pour trouver le point faible de la barre rocheuse. Le passage y est un peu délicat, mais avec le bâton rigide, cela passe très bien.

Une fois sur la trace, tout est évident : il n’y a qu’à suivre.
Cette randonnée du vertige, que j’imaginais potentiellement quelconque, ainsi que peut-être bien végétale, est en fait tout le contraire. Elle n’est ni végétale, ni quelconque. Et je commence à me régaler.
Deux promontoires donnent l’occasion de très jolis points de vue, qui mettent pleinement en valeur ces lieux sans prétention. De plus, à nos pieds, côté ‘est’, ce sont les champs de Saint-Paul-lès-Monestier qui jouent les artistes, car leurs haies constituent un quadrillage qui, vu d’en haut, est superbe.

Au deuxième tiers, le parcours est coupé par un couloir étroit. Fort heureusement, il est quand même possible d’y descendre dedans, même si c’est délicat, et exposé. Ce couloir permet de monter d’un étage de falaise et de continuer la randonnée. La fin est bientôt proche.
Mais la vire ne veut pas se laisser faire si facilement. En effet, une traversée très exposée, puis ensuite un balcon étroit (1,5 m de large seulement), confortable mais complètement au bord du précipice, sont les deux obstacles à franchir pour terminer le « voyage ».

Finalement, sans être des difficultés bloquantes, ces obstacles quand même sérieux donnent beaucoup de piment à la balade. Je suis vraiment content de tout ce déroulé des situations, et cette idée de randonnée du vertige est absolument confirmée comme faisant partie de la grande famille. Elle pourrait même figurer dans les meilleurs répertoires.

Sortir de ce versant n’est plus l’histoire que d’un quart d’heure, en passant sous le Rocher du Cléton, pour finir au petit col juste au nord. Le retour, dans les alpages du versant ouest, est un enchantement de fleurs : elles sont jaunes, bleues, roses, et de toutes les formes. Je n’en connais pas leurs noms, et me contente de les admirer, avec les yeux, tout en évitant de leur marcher dessus, ce qui est finalement bien difficile tellement elles sont nombreuses.

. Randonnée réalisée le 23 mai 2019

. Dernière modification : 26 janvier 2024 (Avertissements et Droits d'auteur)

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