Pic de Gabiet (2716m), arête sud-est

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
900m
Durée :
1 jour

Le Pic de Gabiet est un sommet peu connu à l'altitude modeste, et pourtant celui-ci monopolise le regard par l'élégance de sa silhouette au milieu des montagnes environnante. Sa forme pyramidale ainsi que sa fine arête Sud-Est sont une véritable invitation à le gravir. Mais attention son ascension par ce versant est sévère, et la joie d'en fouler la cime après une telle course fera vite oublier les efforts et l'engagement pour l'atteindre ! – Auteur :

Accès

De Gavarnie, prendre la direction du col de Tentes. Un parking est présent à l’arrivée.

Précisions sur la difficulté

  • Course d’alpinisme cotée PD.
  • Longue arête vertigineuse entrecoupée de ressauts en III/III+ impressionnants.
  • Passage dans des pentes herbeuses extrêmement raides (soixante dix degrés de moyenne) qui ne pardonneraient pas le moindre faux pas.
  • Parcours entièrement hors sentier.
  • Sens de l’orientation nécessaire.
  • La descente par l’arête est délicate.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : 1748 OT Gavarnie, Parc National des Pyrénées
  • Altitude minimale : 2208 m
  • Altitude maximale : 2716 m
  • Distance (A/R) : environ 9 km
  • Balisage : aucun balisage
  • Matériel à prévoir : il est vivement recommandé de prendre un piolet pour les pentes herbeuses. Éventuellement un casque, une corde et quelques sangles.
  • Attention : le tracé sur la carte est approximatif et doit servir uniquement de repère à la lecture de carte.
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Présentation de la course :

Le Pic de Gabiet est un sommet situé sur la ligne de crête franco-espagnole entre Gavarnie et le massif du Vignemale. Lorsqu’on le découvre du sommet du Soum Blanc des Espécieres, sa silhouette élancée impose le respect et attire inévitablement le regard tant elle se démarque dans le paysage.

Malgré sa modeste altitude celui-ci n’a rien à envier à ses géants voisins, et le gravir par sa spectaculaire arête Sud-Est s’adressera à des montagnards en recherche d’itinéraires sauvages et non aseptisés.

Cotée peu difficile cette ascension demeure cependant très impressionnante, et demandera une vigilance de touts les instants. L’ambiance qui règne sur le fil de cette crête difficilement protégeable, et dont il conviendra de ne jamais s’écarter est unique, et c’est avec soulagement que l’on découvrira l’étourdissant panorama offert par son étroite cime !

Le parcours en détails :

Du col de Tentes au col des Espécières : deux possibilités :

  • Prendre le sentier vers l’Ouest en direction du lac des Espécières, et monter au col homonyme en poursuivant sur ce même sentier.
  • Remonter la croupe herbeuse sans difficulté entre le lac des Espécières et le Port de Boucharo jusqu’au Pic Entre les Ports, et redescendre ensuite au Nord afin de rejoindre le col des Espécières.

À peine plus longue cette seconde option est bien plus esthétique, et la vue du sommet sur la Tendenera est superbe !

Du col des Espécières au Soum Blanc des Espécières (2685m) : remonter Nord-Ouest la raide croupe herbeuse jusqu’au point IGN 2605, et poursuivre plein Ouest sur une courte crête (avec un petit pas de II) venant butter sur l’impressionnante face calcaire de la pointe 2671 du Soum Blanc des Espécières.

De loin la suite du cheminement semble improbable, mais une confortable vire cairnée un peu exposée contourne cette pointe par la gauche, et rejoint des dalles faciles conduisant sur un plateau herbeux. Ne pas hésiter à faire un tout petit détour afin de profiter du superbe panorama qu’offre ce point 2671 !

Poursuivre vers l’Ouest jusqu’au sommet du Soum Blanc des Espécières.

Du Soum Blanc des Espécières au Pic de Gabiet : descendre par des dalles calcaires faciles au col du Soum Blanc se situant à la base de l’arête Sud-Est du Pic de Gabiet.

Grimper facilement un premier ressaut permettant de prendre pieds sur le fil de l’arête, et poursuivre jusqu’à un second assez aisément. Franchir cet obstacle en restant légèrement versant espagnol jusqu’à ce que celle-ci se redresse brutalement.

C’est à partir d’ici que les choses sérieuses vont commencer !

Bien que cela soit tentant de contourner cet impressionnant redressement par le flanc Ouest, il est dorénavant très important de rester sur le fil de l’arête. Le versant espagnol étant très dangereux car immense et excessivement raide !

Escalader cet entrelacement de lames schisteuses en III/III+ en restant vigilant dans le choix des prises.

L’arête s’aplanit ensuite un peu jusqu’à un second ressaut de difficultés équivalentes, peu avant de rejoindre l’antécime à 2701m.

Une légère redescente versant espagnol s’impose avant le raide bastion sommital, qui se remonte sans réelle difficulté.

Le panorama du sommet est immense, et malgré sa modeste altitude le Pic de Gabiet offre l’une des plus belles vue des Pyrénées !

Retour : revenir très prudemment par le même itinéraire.

Mon aventure sur ce sommet :

Pic de Gabiet, act 1 :

Ayant bivouaqué à proximité du col de Tentes et redescendu la veille d’une longue randonnée sur les hauteurs de Gavarnie, je pense m’accorder une journée de repos, d’autant plus que la météo annoncée est très incertaine. Et pourtant à mon réveil le temps est splendide, je profite longuement de la quiétude de l’alpage.

En fin de matinée je décide de faire une courte ballade au Pic Entre les Ports afin d’y passer une partie de la journée. Le cheminement étant évident, je pars léger et sans carte. Du sommet je regarde longuement le Soum Blanc des Espécières en me demandant par où passe son itinéraire. Il me semble distinguer une ligne de faiblesse dans la paroi, par curiosité et sans trop y croire je vais donc rallonger un peu ma randonnée. Je descends au col homonyme afin de remonter la longue et raide croupe y conduisant.

Cette ligne de faiblesse qui me semblait improbable d’en bas est en réalité une belle vire cairnée conduisant sur une antécime, il ne me reste plus qu’à traverser un plateau afin de rejoindre le sommet.

Un pic d’une grande élégance attire mon regard, je ne peux m’empêcher de rêver en fixant la fine crête conduisant à sa cime. N’ayant pas de carte ni de réseau, je n’ai pas la moindre idée de son nom ni de sa difficulté. je ne peux résister à la tentation d’aller le voir de plus près !

Vingt minutes plus tard je suis à la base de l’arête, un premier ressaut facile à gravir me permet de la rejoindre. Dès les premiers mètres l’ambiance est déjà présente, côté français l’à-pic est vertigineux et versant espagnol la pente est très impressionnante. S’ensuit un second ressaut derrière lequel le fil se fait un peu plus aérien.

Peu après la crête se redresse sérieusement sur plusieurs dizaines de mètres. La roche schisteuse ne m’incite pas à la gravir sur ce passage et préfère la contourner par la gauche. Juste derrière une ravine m’empêche de reprendre pieds sur celle-ci. Je poursuis longuement en traversée ascendante en espérant pouvoir la rejoindre un peu plus haut, mais plus j’avance et plus la pente se redresse. Je commence à me dire que j’ai fait un mauvais choix en la quittant, car me voici coincé dans une face herbeuse démesurée dont la déclivité doit avoisiner les soixante dix degrés.

Je suis en train d’évoluer sur un véritable toboggan de la mort de près de neuf cents mètres, et commence à fatiguer nerveusement. Je préfère renoncer environ une cinquantaines de mètres sous le sommet afin de faire demi-tour tant qu’il en est encore temps...

La descente va me donner bien des sueurs froides et je me maudis de m’être mis dans cette situation. C’est avec soulagement que je récupère l’arête là où je l’avais quittée. Après toutes ces émotions, l’escalade de l’impressionnant ressaut ne me semble finalement plus aussi difficile... J’en suis maintenant convaincu, il ne fallait surtout pas quitter le fil !

Pour une journée de repos, je m’en souviendrai...

Pic de Gabiet, act 2 :

Après consultation de la carte et topos, il s’avère que ce sommet se nomme Pic de Gabiet et que son arête Sud-Est est cotée PD+ ou PD- en fonction des sites internet. L’un d’eux précise même qu’il ne faut surtout pas s’aventurer sur le versant espagnol car très dangereux, mais ça je le sais déjà...

Content d’en être sorti indemne mais frustré d’avoir renoncé si près du but, je prévois de m’accorder un vrai jour de repos et d’y retourner le surlendemain.

Orage et pluie durant une partie de la nuit précédant l’ascension me mettent le doute. j’espère que les pentes auront le temps de sécher et qu’elles ne seront pas trop humides. Je décide quand même de tenter le coup, mais cette fois-ci je m’arme d’un piolet par précaution.

Connaissant déjà le parcours, la marche d’approche est rapide, d’autant plus que je ne fais pas le détour par le Pic Entre les Ports !

Dés le début de l’arête je ne suis pas serein, un peu stressé. Pas vraiment un stress dû à la course en elle même, car maintenant que je sais que c’est du PD je suis rassuré, mais plus par la peur d’un second échec...

J’arrive rapidement au grand ressaut esquivé deux jours auparavant, je suis encore tenté de le contourner par la gauche afin de grimper la ravine juste derrière... ne surtout pas quitter le fil ! J’escalade finalement ce raide passage exposé avec la plus grande prudence, ne faisant que moyennement confiance à cet entrelacement de lames schisteuses.

Un fort vent glacial se lève rajoutant un peu plus d’ambiance, au moins grâce à lui tout sera sec rapidement.

Je poursuis sur le fil mais toujours légèrement versant espagnol jusqu’à un second pas de difficulté similaire, avant d’arriver peu après sur l’antécime. Une redescente m’oblige à repasser dans la face avant d’attaquer le dernier bastion. Celui-ci est très relevé mais sans difficulté.

En arrivant au cairn sommital ma joie est aussi immense que le panorama !

Pic du Midi de Bigorre, massif du Néouvielle, cirque de Troumouse et la Munia, Grand Piméné, les 3000 de Gavarnie et le Mont Perdu, montagnes Aragonaises, la Tendenera, la Collarada... et le Vignemale !

Grâce aux orages de la veille la lumière sur le Vignemale est exceptionnelle, je crois n’avoir jamais vu plus beau paysage de montagne !

Je fais une longue pause avant de redescendre prudemment par le même itinéraire.

Deux jours auparavant je ne connaissais même pas l’existence de ce sommet, et pourtant il aura occupé mon esprit pendant près de quarante huit heures. Comme quoi les coups de foudre existent !

. Randonnée réalisée le 28 août 2022

. Dernière modification : 22 février 2023 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • Sympa ce coin pour faire de la rando. Du genre qui ne lâche rien, ça me fait penser à quelqu’un ... Fait attention tout de même ! Les photos sont splendides. Bravo !

    Le 6 septembre 2022 à 09h55
  • Haha merci Rabah, sinon je me demande de qui tu parles... A bientôt !

    Le 6 septembre 2022 à 20h37
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