Sortie du 12 août 2017 par Stephilisme Kilimandjaro (5891m) - Voie Machame

Il y a des rêves de gosses qui peuvent attendre, d'autres pas. Les neiges du Kilimandjaro fondant à vitesse grand V, c'est le genre de projet que je tenais à réaliser au plus vite. En 2017 j'avais 23 ans, un bel âge pour mettre les pieds en Afrique pour la première fois... et en prendre plein les yeux.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Grand beau pendant la totalité du trek. Une mer de nuages stagnant vers 2500m nous a tout de même empêché de voir le sommet depuis le bas et de faire LA photo de Kili au milieu de la plaine.

Récit de la sortie

Nous partons de Genève le 06 août 2017, direction Nairobi au Kenya avec une escale à Francfort et avons réussi à avoir des billets pour 450€. Le groupe est constitué de Vincent, Greg et l’organisateur du voyage, Hugo, que nous accompagnons à travers ce voyage dans la réalisation de projet des 7 summits, et qui constitue pour lui le deuxième sommet de son challenge après avoir gravi l’Elbrouz au printemps.

Nous sommes tous sportifs et pratiquons la montagne assez régulièrement, à part Vincent qui habite Paris mais qui pratique l’aviron et qui a déjà fait des 4000 au Mexique.

À peine arrivés sur le sol kenyan, le douanier en charge des visas à l’aéroport me rend 5$ au lieu de 50$ sur mon billet de 100$. Bien essayé...

Après une nuit chez un ami expat à Nairobi, nous effectuons le transfert en direction d’Arusha en bus, où nous rejoignons notre guide Honest que nous avons contactés par Facebook et qui avait guidé un ami à nous l’année précédente. Après avoir diné avec lui et sa famille, nous lui demandons s’il connait un hôtel à l’abri du flux touristique et des prix gonflés qui vont avec. Il nous recommande alors le Florida Hotel et à 11$ la nuit, on est en effet loin des 100$ de l’Impala Hotel où le bus nous a laissé. Je remarque d’ailleurs sur le registre à l’entrée que nous sommes les seuls étrangers à y séjourner sur les deux dernières semaines. Le confort est assez sommaire mais toutefois suffisant avant de prendre la route. Nous laissons alors à Honest la totalité du montant convenu pour le trek soit 4 x 1300$ en liquide, pour qu’il embauche des porteurs et fasse les courses ; il ne nous reste alors plus qu’à attendre jusqu’au lendemain matin qu’il vienne nous chercher, avec, il faut l’admettre, une petite boule au ventre, mais nous avons confiance.

Et nous avions bien raison puisque le lendemain nous prenons la route en direction de Machame avec 8 porteurs, un cuisinier, Honest et un deuxième guide, Freddy. 11 personnes pour s’occuper de 4 randonneurs en autonomie pendant 6 jours ça peut paraitre beaucoup mais je peux vous certifier que c’est un ratio plutôt faible sur cette montagne.

Nous avons en effet opté pour l’option "basique", sans superflus, (le guide se charge des tentes, de l’eau, de la vaisselle, de la nourriture fraiche, reste à charge du randonneurs les sacs de couchage et tapis de sols) alors que certains groupes embauchent jusqu’à une vingtaine de porteurs pour deux pour monter la totalité de leurs bagages, des tables, des chaises et même parfois des douches, des lits et des matelas. On croit halluciner.

Le Kili, bien qu’étant une montagne facile a la réputation d’avoir un taux d’échec assez élevé. On voit sur Internet des chiffres allant de 40 à 50% et des histoires donnant la chair de poule concernant des personnes mortes au sommet à cause de MaM ...
Une fois arrivés au pied de la voie Machame, nous comprenons un peu mieux le pourquoi du comment de ces chiffres : beaucoup de groupes sont constitués de touristes qui sont venus en Tanzanie pour les safaris et bien que n’ayant pas d’expériences en montagne, décident de se lancer sur l’ascension du Kili. Certains sont en surpoids, d’autres partent en jean. On croise même en montant au premier camp une femme avec un sac à main. On est clairement dans une ambiance étrange, très éloignée de celle des Alpes, où la quasi totalité des randonneurs ne portent rien ou presque sur leur dos et où tout est acheminé de camp en camp par les porteurs. À peine une heure après être partis à bon rythme, nous doublons sur un replat un groupe qui se fait servir le thé par les porteurs, assis à table sur des chaises, dans une ambiance néo-colonialiste.

Après avoir traversé dans un premier temps une jungle avec des singes et des plantes tropicales, nous sortons des nuages et de la forêt puis arrivons au Machame Camp où nous entrevoyons le sommet pour la première fois dans un cadre grandiose.

C’est lors du deuxième jour de trek que nous nous rendons compte de la vraie fourmilière qu’est le Kilimandjaro au mois d’août, et nous avons du mal à trouver notre chemin pour doubler les centaines de touristes que nous rencontrons sur notre route. Arrivés au Shira Camp avant tout le monde, les porteurs, bien que plus rapides que nous, n’ont pas encore eu le temps de dresser le camp et nous préparer le thé et le pop corn, ce qui nous donne droit aux excuses du guide car ce dernier n’a pas l’habitude d’accompagner un groupe avec un si bon rythme. Évidemment ces excuses nous paraissent bien étranges mais soit... dès lors, nous partirons tous les autres jours les derniers du campement pour ne pas arriver trop tôt au camp suivant.

Au campement, je jette un œil dans le registre que nous devons remplir en arrivant et je constate que nous sommes en moyenne environ 700 personnes, porteurs compris, à nous déplacer de camp en camp chaque jour. Et ce, uniquement sur la voie Machame. Quelle fourmilière !

Nous passons au col du Lava Tower Camp au troisième jour à 4630m et profitons de la pause pour gravir avec le guide le sommet de la Lava Tower, une formation volcanique d’une centaine de mètres de haut surplombant le camp. Les guides font rarement le détour par le sommet puisque ce dernier est défendu par plusieurs pas en III où la chute est interdite. Pourtant on peut dire que l’ascension ludique de cette tour de lave loin des autres touristes avec la vue depuis le sommet sur le Kilimandjaro vaut clairement le détour. C’est d’ailleurs pour moi mon premier "4000", un comble pour un natif de Haute Savoie, mais plus original qu’un Grand Paradis ou un Dôme des Écrins n’est-ce pas ?

Le Barranco Camp que nous atteignons le soir du 3e jour est le plus joli de tous, loti au milieu de séneçons géants et avec une vue sur la mer de nuages à couper le souffle. Cette nuit sera la plus belle du voyage en terme d’étoiles et je suis content d’avoir pris mon trépied avec moi...

Nous passons lors du quatrième jour du trek par le Barranco Wall, la seule étape du trek où il faut poser les mains, mais ce n’est pas grand chose comparé à la Lava Tower de la veille.
En arrivant au Barafu Camp, le dernier avant le sommet, je suis étonné de voir des porteurs redescendre. Ces derniers doivent en effet, une fois le camp établi, redescendre 700m de dénivelé pour aller chercher de l’eau, absente au camp, via des seaux d’une vingtaine de litres qu’ils portent ensuite sur la tête en remontant au campement, en prenant soin de doubler tout le monde, évidemment. Impressionnant.

Le cinquième jour est synonyme de "Summit Day" et Honest nous informe que nous partirons à 2h du matin, contrairement aux autres groupes qui partent entre 23h30 et minuit puisqu’il est d’après lui inutile de se lever aussi tôt vu notre rythme et que d’après ses calculs nous devrions mettre plus ou moins 4h au lieu des 7 à 8h habituelles pour arriver au sommet et y être pour le lever du jour.

À notre départ il fait inhabituellement chaud par rapport aux jours précédents alors que nous sommes à 4600m, et pour cause, nous sommes dans les nuages et ces derniers retiennent la chaleur. Mince ! Nous retirons une puis deux couches et rattrapons assez rapidement les groupes partis avant nous. Aux alentours de 5200m, nous apercevons les premières étoiles et sortons ainsi des nuages, chouette, il va faire beau au sommet ! Les températures chutent évidemment brusquement et nous sommes bien content d’avoir pris du bon matériel contre ce froid dont le ressenti doit avoisiner les -20°C.

Nous sommes plutôt en forme mais l’altitude se fait particulièrement ressentir à chaque fois que nous doublons un groupe. Nous arrivons finalement au sommet vers 6h30 un peu plus tard que ce qu’avait prévu Honest, et assistons à un splendide lever de soleil. Nous nous serrons les uns contre les autres, nous sommes heureux et on peut le dire : on l’a fait ! Même mieux que ça, on l’a fait et on se sent bien, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, certains vomissent pendant que d’autres se font porter par leurs guides. Un français avec qui je discute au sommet m’a l’air mal en point, et en effet, quand je le recroiserai le lendemain à la sortie du parc, il m’avouera ne pas avoir le moindre souvenir de notre conversation sommitale, ni du sommet en soi d’ailleurs ! Il me confiera d’ailleurs regretter son manque de préparation, la dernière montagne qu’il a gravi étant le ballon d’Alsace et ce, il y a deux ans !

Je profite de cette pause au sommet pour sortir LE saucisson fumé que j’avais réservé spécialement pour ce moment et je peux dire que jamais je n’avais autant apprécié un morceau de cochon à 6h30 du matin !

En redescendant, nous faisons un détour par les derniers glaciers qui restent en contrebas du sommet et observons ces derniers, tels des icebergs dans ce champ de roches. Bien que d’une superficie assez réduite, leur hauteur est impressionnante et leurs structures contrastent complètement avec ceux que nous avons l’habitude de voir dans les Alpes.

Le chemin de descente au Barafu Camp est différent de celui de montée et est l’un de ces pierriers constitués de fines pierres dans lesquels on peut courir en plantant le talon et en se laissant porter. J’en profite pour me tirer la bourre avec le guide en riant et en profitant de l’instant présent ensemble.

L’arrivée au camp est, elle, terrible. Des maux de tête, presque absents depuis le début du trek, nous prennent d’un coup et nous clouent tous les 4 sur nos sacs de couchage. Au bout de deux heures de sieste, ces derniers ne passent pas et le guide nous demande de quitter le camp maintenant que nous nous sommes un peu reposés, les maux de têtes passeront en descendant. Et en effet il nous suffit juste de perdre 300 mètres pour nous sentir de suite bien mieux. Nous croisons dans la descente plusieurs civières des plus primaires qui auraient pu servir lors de la première guerre mondiale. Cela nous rappelle que, même si le trek est techniquement facile, il n’existe pas de moyens aisés pour redescendre en bas en cas de problèmes et qu’il vaut mieux partir avec un peu de marge sur sa condition physique.

Lors du sixième et dernier jour, dans la descente entre Mweka Camp et l’arrivée, nous nous faisons d’ailleurs doubler par deux porteurs qui tiennent sur leurs épaules un hollandais, complètement inconscient qui aurait fait un œdème lors de l’ascension finale et à en juger l’heure cela doit faire plus de 4 ou 5 heures que les porteurs doivent le porter pour essayer de le sauver...

Une fois arrivés en bas, les gardes du parc nous remettent un symbolique "diplôme" de réussite du sommet. Honest nous confie alors que ce diplôme attire parfois des convoitises de la part de trekkeurs peu scrupuleux n’ayant pas réussi à aller au sommet mais qui n’hésitent pas à proposer plusieurs centaines de dollars pour l’obtenir malgré tout...

Une fois de retour à Arusha, nous profiterons de deux jours de safaris dans le parc de Manyara et la somptueuse réserve naturelle du Ngorongoro qui valent à mon sens absolument le détour et que nous avons tout autant apprécié que le sommet du Kilimandjaro en soi.

En résumé, il faut partir en sachant que vous mettrez les pieds dans une jungle touristique où notre cher "esprit montagne" alpin n’est pas au rendez-vous, et ma foi tant pis, on en profite déjà toute l’année. Une fois cela en tête, on peut alors pleinement profiter du reste et de tous les aspects merveilleux qu’à à offrir le Kilimandjaro : aventure humaine, cadre majestueux, première expérience en très haute altitude, faune et flore exotique, proximité des plus beaux safaris de la planète ...

. Randonnée réalisée le 12 août 2017

. Dernière modification : 10 avril 2020 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • C’est très beau, cela fait vraiment envie. Le texte est également très intéressant.Ils sont assez étonnants ces restes de glacier !

    Le 12 avril 2020 à 10h07
  • Salut, très chouette, bravo.
    J’hallucine cependant quand je vois ce qu’il reste des glaciers !
    J’ai fais le kili par Machamé et la Western Breach, il y a trèèèèèès longtemps, début Aôut 1993 !
    La Western Breach était enneigée, on l’avait remonté en crampons, et tout le plateau sommital du Kibo etait un glacier avec ces superbes blocs qu’il restent encore...

    Même si ça reste beau, ça fait quand même mal au cœur tous ces changements...

    En tout cas, bravo et bonne continuation !
    A+
    Patrick

    Le 12 avril 2020 à 12h08
  • Séverine

    Trop bien ton récit ! Dis moi, on pense le faire l’année prochaine, est-ce que tu pourrais me donner le contact de ton guide, et une idée du budget ? 🙂 merci beaucoup !!! sév

    Le 16 septembre 2021 à 14h29
  • Salut Séverine,

    Tu pourras trouver le contact de notre guide sous Facebook, son nom est Honest Abel Ngowi, il est très sympa, pro et assez intéressant niveau tarif, anglais obligatoire en revanche, Nous avions payé 1300$ par personnes pour un groupe de 4 personnes avec le service minimum (on porte nos sacs, seuls les tentes et la nourriture sont gérés par les porteurs) .
    A savoir qu’au Kili tout se paye, il n’est pas rare de voir des groupe de 2 avec 20 porteurs qui transportent des matelas, des douches, ainsi que toute la bagagerie des "randonneurs" ... sensation à la fois bizarre mais franchement assez marrant, surtout quand tu retrouves tout ces pimpins sans rien sur leur dos en PLS et que tu les doubles tout frais avec tes 7/8kg sur le dos en leur lâchant un petit "hello are you fine ?" en les doublant 😉

    Le 16 septembre 2021 à 15h32
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