Sortie du 11 octobre 2020 par gegers Traversée du Sommet de Montaveilla (1979m) par le Pas de la Selle et le Pas des Bachassons – à raquettes

Fort vent du nord sur le plateau.

Le vent fera craquer les branches
La brume viendra dans sa robe blanche
Y’aura des feuilles partout, couchées sur les cailloux
Octobre tiendra sa revanche.

Cabrel n’a pas menti. Après un été caniculaire et un mois de septembre anormalement chaud, octobre tient une belle revanche, puisque le début du mois aura été un des plus pourris depuis bien longtemps. Dommage, car la première moitié de l’automne est sans aucun doute la période la plus agréable pour réaliser des randonnées d’envergure : plus de coup de chaud, une fréquentation bien moindre dans les massifs, vidés des troupeaux d’ovins, de bovins et de randonneurs, une absence de neige permettant l’ascension de hauts sommets et puis, ces splendides couleurs mordorées qui donnent à la montagne une ambiance si appréciable.

Une belle revanche donc, puisque même lorsqu’il ne pleut pas, les sommets des Alpes du Nord sont depuis plusieurs semaines engoncés de manière quasi-permanente dans d’épais nuages qui n’incitent pas à s’engager dans des sorties longues ou exigeantes. Il ne faut pas rater la bonne fenêtre météo. S’ajoute depuis ce weekend un coup de froid, qui semble amené à durer, et qui se traduit par ces maigrelets 2°C qui m’accueillent à 8h au parking de Saint-Michel-les-Portes.

Si le soleil est présent durant la montée jusqu’au Pas des Bachassons, inutile d’aller tenter l’ascension du Grand Veymont, enveloppé d’une brume tenace. A mesure que je prends de l’altitude le vent se renforce, glacial, sibérien. Arrivé sur le plateau, c’est une ambiance qui évoque cette fois l’Islande, avec ces landes rases saupoudrées d’une fine couche de neige fraîche, qui tiendra malgré tout dans les secteurs protégés du soleil, relativement généreux durant la matinée.

Je me dirige tout d’abord vers le secteur des Aiguillettes, afin d’admirer le Grand Veymont depuis sa face la plus esthétique, puis prend la direction de la plaine de la Queyrie ou l’arbre taillé, véritable vigie dans un océan d’herbes jaunies, semble particulièrement isolé dans ces conditions. Si le vent, venant du nord-est, voit ses rafales se faire moins cinglantes que dans le Pas, il forcit néanmoins et se manifeste en bourrasques décourageantes.

Afin de chasser le bouquetin, je me rends dans le secteur de la Montagne du Lau où je sais que, dans les plis et replis rocheux, ils ont leurs habitudes. Je ferai néanmoins aujourd’hui chou blanc, ne rencontrant âme qui vive jusqu’au sommet de Montaveilla, Poursuivant vers l’est, en direction des Rochers du Parquet, je tombe en revanche sur une harde de chamois, composée d’une vingtaine d’individus, qui paissent tranquillement dans ce secteur pourtant très venteux. Malgré le plaisir de la rencontre, je préfère poursuivre et m’accorder une pause à l’abri du vent.

J’entame la descente en direction du Pas de la Selle alors que la couverture nuageuse devient plus imposante et que le vent du nord se renforce. Il est temps de laisser ces ambiances à la fois sauvages et mélancoliques jusqu’à une prochaine visite, peut-être avant l’hiver.