Sortie du 24 janvier 2021 par Forêts-myrtilles-et-caillasse Pas des Terreaux (1690m) en boucle par la Cabane du Berger et la Prairie des Ayes

Un mois sans monter à la Prairie ! Le manque se fait sentir, il faut que j’y retourne.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Beau temps assez doux avec des nuages de pente, se voilant dans l’après midi. Conditions de neige douteuses dans la Prairie, plaques à vent très probables.

Récit de la sortie

Départ de Saint-Pancrasse où les brumes qui s’enroulent autour des sommets tranchent avec le bleu profond du ciel. Les chutes de neige des jours précédents ont plâtré la Gorgette, rehaussant l’ocre du pied de la Dent. Toutes ces couleurs intenses sont du baume aux yeux et c’est le cœur léger que je m’élance vers la Gorgette.

Cette fois-ci, je ne la snobe pas et au premier gué je quitte la piste pour la remonter en rive droite, m’enfonçant dans la forêt loin des promeneurs bavards qui se pressent sur le circuit raquette des Civières. Haut dans le ciel, l’aigle tournoie, survolant son domaine. Il se pose sur l’une des nombreuses vires enneigées, je tente une photo mais il est bien trop loin pour que l’instant soit correctement immortalisé. Le fond du torrent devient trop escarpé, je quitte alors la rive et remonte au jugé la pente forestière. C’est raide et je dois m’accrocher aux branches, faisant tomber des paquets de neige qui vicieusement s’insinuent dans le col de ma veste.

Je débouche rapidement sur une piste menant aux ouvrages destinés à dompter un peu la bête. Quelle ambiance il y a au fond de ce ravin chaotique, les eaux gonflées par la relative douceur et les rayons solaires qui dardent ! Je bifurque vers le sud et revient sagement sur le sentier. J’ai doublé les bavards et le calme s’impose de nouveau dans la forêt, uniquement troublé par le chant d’un troupeau de mésanges survoltées.

Arrivé à la piste de la Gorgette, je prends à droite, dans l’espoir de croiser l’aigle de plus près. Je vais tout au bout, au pied du dégueuloir hostile du grand couloir qui débaroule depuis le sommet de la Prairie, 500 mètres plus haut. J’y reste un petit moment, admirant la belle cascade de glace qui s’est formé en rive gauche, grignotant des petites cubes séchés d’ananas, de papaye et de coco. L’aigle continue à tournoyer très haut dans les brumes qui s’accrochent aux pentes. Et puis, à une vingtaine de mètres en aval, j’entends des craquements de branche et la neige qui crisse. Un chamois !

C’est un beau mâle, dans la pleine force de l’âge, l’échine puissante. J’essaie de ne pas bouger pour qu’il ne me repère pas et ne pas l’effrayer mais je comprends rapidement qu’en fait cela fait un moment qu’il m’a vu et ne me considère pas comme un danger potentiel. Il mange des bourgeons et me jette de temps à autre des coups d’œil. Il force l’audace à prendre pied sur la piste, secouant sa crinière, faisant fi de ma présence.

Quelle rencontre ! Il est à une quinzaine de pas, je lui parle, lui confie à quel point il est magnifique. Il s’éloigne un peu, broutant les bourgeons au passage et je me lève pour le suivre de loin. Il ne s’enfuie pas et vit sa vie, tranquille… On chemine ainsi sur une centaine de mètres, à un jet de boule de neige l’un de l’autre. Il se retourne de temps à autre puis il fait demi tour, se dirigeant vers moi. J’ai le cœur qui bat un peu, une telle proximité, c’est rare ! Il s’arrête à moins d’une dizaine de mètres, gobe encore quelques bourgeons, puis descend tranquillement la pente forestière qui plonge vers le ravin. Je suis aux anges, remercie la montagne de ce cadeau sublime !

Et dire que trois ou quatre cent mètres plus loin, à l’autre bout de la piste, c’est le tumulte des grands jours au parking d’hiver de la Dent. Une foule bigarrée se presse à l’assaut de la route fermée à la circulation, à ski, en luge, en raquette, à pied. Ça sent le gasoil, la crème solaire. Manque plus que l’odeur de frites et de hot-dogs et on se croirait en station…

Je m’enfuis vite sur le sentier qui monte en rive droite de la Gorgette, beaucoup plus calme. Ma fraîche rencontre avec le bel animal m’a donné des ailes et j’avale le dénivelé jusqu’à la Prairie en un temps record. Je monte encore un peu pour prendre de la hauteur, restant à proximité de la bordure du ravin là où le vent a empêché les accumulations et durci la neige, facilitant la progression. Au loin j’entends les youyous des innombrables skieurs dévalant Pravouta. Le tétra-lyre n’a qu’à bien se tenir.

Au fur et à mesure que je monte, je trouve que la neige inspire de moins en moins confiance, se détachant par paquet. Je fais une pause pour creuser un trou et inspecter le manteau neigeux et pas de doute, c’est un peu craignos : 20 cm de neige fraîche repose sur une croûte glacée recouvrant une neige très humide manquant de cohésion, le tout reposant sur un fond béton. La pente n’est pas encore assez forte pour déclencher une plaque mais sur le haut, je sais qu’on dépasse les 30° fatidiques. Je décide de m’arrêter là pour aujourd’hui. Je regagne le bord du ravin, pelé par le vent pour manger un morceau et me réjouir du panorama et des volutes de brumes jouant avec les sommets. Les chamois se sont réfugiés sous le pas des Terreaux, là où le vent a mis a nu l’herbe rase, loin du tumulte de la foule endimanchée.

. Randonnée réalisée le 24 janvier 2021

. Dernière modification : 25 janvier 2021 (Avertissements et Droits d'auteur)

Réagissez !

  • Quelle rencontre admirable ! Quelle chance tu as eu...et tes photos sont au diapason !

    Le 25 janvier 2021 à 22h39
  • Oui, c’est pas fréquent qu’un chamois soit aussi "détendu" à moins d’une dizaine de mètres. Ceux qui gravitent autour de la Dent ne sont pas aussi farouches que leur congénères belledonniens, mais habituellement, fidèles à leur atavisme, ils restent quand même circonspects et se tiennent toujours à bonne distance. Un coup de chance comme tu dis 🙂

    Le 27 janvier 2021 à 08h41
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