Sortie du 22 septembre 2022 par CourtePatte La Tour du Marboré (3009m)

Beau le matin, se couvrant dans l’après-midi.

J’avais lu de telles descriptions de l’affluence à Gavarnie que j’en avais pris mon parti. Gavarnie, je n’irai pas.
Et puis, j’ai vu passer ce topo et j’ai dit : "Quand même !"

Alors cette semaine, je suis en vacances, l’occasion se présente, peut-être le dernier créneau météo pour une rando de belle saison dans les Pyrénées. Un démon me dit "Et si tu osais Gavarnie ?"

Alors oui, "quand même". Quand même, la grande porte dans le ciel de la Brèche de Roland. Quand même, les plis extraordinaires de l’immense cirque. Quand même, les contours et les coloris des reliefs autour du canyon d’Ordesa, la palette ocre et grise des montagnes bicolores.

Pourtant, au col de Tentes, même à 8h du matin, en semaine et hors vacances scolaires, je suis effarée par le nombre de camping-cars et autres véhicules. Ça me donne une idée du barnum que doit être l’endroit en haute saison ; mais au moins ce matin il n’y a que deux ou trois randonneurs sur la piste.

L’air est délicieusement vif, le ciel est pour l’instant pur de tout nuage. Même si les sommets lointains sont un peu embués, il faut s’en emplir les yeux car la météo annonce que ça va se couvrir en début d’après-midi.

Le pantalon est encore un peu humide après un franchissement, disons, sans fioritures de la cascade du Taillon lorsque j’arrive en vue du refuge des Sarradets. Où je n’ai d’yeux que pour la Brèche de Roland. Les photos en donnent une impression fidèle, bien sûr ; mais c’est autre chose de se tenir au pied de la montée et de lever les yeux vers ce portail onirique, cette entrée dans le ciel, en se disant "Dans quelques minutes je serai là-dessous".

Puis, après la Brèche, c’est la sente au pied de la falaise qui est un régal à cheminer, et le ludique Pas des Isards. La difficulté principale pour l’instant serait surtout de parvenir à admirer les paysages espagnols sans trébucher dans les obstacles du sentier, ou se faire happer par une crevasse du lapiaz. D’ailleurs j’ai tellement le nez en l’air que je dépasse la bifurcation pour le Casque sans la remarquer, avec pour résultat que pendant un bon moment je vais avoir un doute sur l’identité du sommet vers lequel je me dirige : ben oui, je ne sais pas à quoi ressemblent cette Tour et ce Casque moi...

Par contre, ce que je sais c’est qu’en arrivant en vue du col de la Cascade, horreur : les premières bouffées des cumulus espagnols commencent à s’effilocher entre nous et les Pics de la Cascade. Du coup je presse le pas autant que possible pour rejoindre le sommet de la Tour avant que les vues n’en soient confisquées par le nuage.

Là-haut, je profite également du répit pour plonger le regard dans l’immense chaudron du Cirque de Gavarnie. Je ne sais pas ce qui me frappe le plus : les grimaces de pierre de ses plis ? Les strates de ses terrasses chavirées ? Ou ses couleurs à vous donner l’impression de regarder une photo sépia retouchée des années 20 ?

Puis le nuage s’accroupit sur le sommet. C’est le moment de redescendre, dans une toute autre ambiance. Le froid et la grisaille ne relâcheront leur emprise qu’au pied du Casque.

Retour à la Brèche de Roland, qui prend sous l’ombre un aspect dramatique qui ne la dessert pas. Moi, je vais poursuivre ma découverte du Cirque, et descendre sur Gavarnie par le sentier de l’Échelle des Sarradets - mais ceci sort du cadre de ce topo.