Sortie du 15 juin 2023 par CourtePatte Pointes de Pen Hir, du Toulinguet et du Grand Gouin en boucle

Ensoleillé mais très brumeux.

J’avais découvert la Pointe de Pen-hir au cours d’une brève virée post-Noël dernier, et j’en étais revenue éblouie, tant par les grands spectacles : la Pointe et les photogéniques Tas de Pois, les vastes falaises, les arches creusées par la mer... que par la richesse géologique de l’endroit, et en particulier l’immense calendrier de la plage du Veryarc’h. Alors, lorsque j’ai cherché, pour une brève expédition rando-camping avec ma maman, une destination pas trop éloignée de la maison, j’avais l’idée toute prête.

Pour cette sortie nous avons un peu élargi le circuit du topo puisque nous sommes parties de la Pointe Sainte-Barbe, et rentrées par les sentiers de l’arrière-pays. Mais ce n’est pas cette variation qui a valu à la randonnée de durer près de huit heures, c’est simplement la beauté et la richesse des spectacles rencontrés.

La lande présente aujourd’hui un visage tout différent de celui qu’elle offrait en décembre. Si la brume et le soleil de juin nous valent des éclairages particulièrement ingrats, nous sommes éblouies par les floraisons. Géranium sanguin et orchis pyramidal éclaboussent les pelouses ; et que dire des parfums ? L’odeur du troène sauvage, qui est pour moi la signature olfactive de la Bretagne littorale en juin, nous accompagne sur tous les sentiers, masquée parfois par les effluves capiteux du gaillets ou les exhalations du chèvrefeuille.

Je retrouve, au fil de la balade, les paysages qui m’avaient laissé un si vif souvenir en décembre. Voici les îlots de Porzh Naye, qui, sous la lumière ingrate, pourraient passer pour frères alors que leur composition géologique est toute différente ; voici la pointe du Toulinguet et son extrémité interdite ; voici les grandes formations de grès armoricain, dont je sais désormais qu’il s’agit peu ou prou d’une quartzite ; voici la gigantesque croix de Lorraine, à qui la distance donne vite les allures d’un totem monstrueux ; et voici la Pointe de Pen Hir.

En décembre, il n’était guère question de crapahuter dans les rochers. Mais aujourd’hui les conditions sont excellentes, et nous voici découvrant bientôt la petite esplanade herbeuse retirée que l’on appelle "la Salle Verte". Comme il est déjà tard, nous avons l’endroit pour nous seules et nous avons tout loisir d’explorer en "mettant les mains" sur le délicieux rocher blanchâtre. Impossible de ne pas s’arrêter un grand moment pour contempler l’élan immobile des Tas de Pois qui s’avancent vers l’horizon.
Néanmoins, hors de question d’attendre le coucher de soleil : c’est que nous avons maintenant rendez-vous avec 65 millions d’années à la plage de Veryarc’h.

Il n’y a heureusement pas besoin d’être particulièrement compétent en géologie pour admirer cette plage, et surtout sa falaise. Il suffit seulement de comprendre que chacune des strates de cet immense mille-feuilles pourrait, à elle seule, contenir toute l’histoire de l’espèce humaine pour se faire une idée de l’Éternité... après quoi on pourra se contenter de contempler le jeu des textures et des couleurs qui se succèdent sur un kilomètre de grève. Et si l’on se pique au jeu, on pourra y faire la chasse aux fossiles : depuis les trilobites, à l’ouest, jusqu’au grouillement de coquillages dans les calcaires vers l’autre extrémité de la plage, en passant par les graptolites ou les empreintes de coraux : il y a là de quoi passer des heures.

Si l’on choisit bien son horaire et son coefficient de marée, il sera même possible d’explorer les nombreuses anfractuosités qui baillent au pied des falaises. Le plus épatant c’est que, lors de cette deuxième visite, j’ai découvert de nombreux détails qui m’avaient échappé cet hiver - tout comme j’ai eu un mal de chien à retrouver les fossiles de trilobite que j’avais promis (pfff... j’ai bien failli perdre une étoile de guide)

Puis c’est le retour, dans la lumière du jour baissant, par les chemins creux du bocage où nous rencontrerons encore une ou deux nouvelles orchidées. Nous sommes un peu ivres de soleil, de bains et de merveilles...

Note sur les photos : pour compléter les illustrations de la plage du Veryarc’h j’ai mélangé les images de cette sortie et d’autres prises en décembre.