Sortie du 25 septembre 2023 par gegers Cime de la Valette (2858m) et Mont Péaiaux (2958m) par le col de la Croix de Fer

Eté indien

Après une formidable randonnée marquant le début de l’automne réalisée à la Cime du Sambuis, je n’ai pas vraiment envie de redescendre. Je pose un jour de congé, réserve au Refuge de l’Etendard, et m’embarque du côté des Grandes Rousses. Du parking du Col de la Croix de Fer, je monte au Refuge par le Col Nord des Lacs. Le cheminement n’est pas formidable au milieu des installations et autres remontées mécaniques, mais la belle lumière de l’après-midi sur les Grandes Rousses, le détour par le Lac Guichard, de même que la tranquillité des lieux rendent cet accès plus sympathique que le classique par le Col des Tufs.

Le lendemain matin, je démarre à la frontale en direction de la Cime de la Valette. Le jour inonde de sa lumière l’Aiguille Noire et le Dôme de la Cochette alors que je me trouve au plan de Perte Tournant. La vue de ces sommets qui s’enflamment à la lumière du matin est toujours un enchantement.

Arrivé à proximité de la Cabane des glaciologues, je bifurque vers le sud-est et me perds volontairement en circonvolutions entre gouilles, zones herbeuses et roches moutonnées pour rejoindre le pied des Arènes. La montée jusqu’à la Cime de la Valette est assez aisée. Le pierrier de la partie basse, solidement gelé, permet de monter facilement. La suite, en neige à peine dure à 9h du matin, ne pose aucun problème, et c’est avec une joie doublée d’humilité que je me retrouve seul au monde, en ce lundi matin, sur ce petit sommet offrant une vue époustouflante sur l’Etendard, Belledonne et l’Oisans. Le vent frais revigore et enhardit.

La descente avalée, je me dirige vers le Glacier de Saint-Sorlin, dont je vais observer la déliquescence de près. Et puis, je redescends jusqu’au Lac Bramant, ou je décide de poursuivre cette belle journée par une nouvelle visite du secteur de la Croix de Picheu et du Lac Nicolas, inspiré en partie par ce parcours décrit par Pascal Sombardier . Le cheminement n’est pas si facile jusqu’au point haut (marqué 2599m sur l’IGN) et j’avance un peu en montagnes russes dans ce secteur particulièrement sauvage, qui se transforme en véritable plateau lunaire (la comparaison avec celui du Pic de Bure n’est pas usurpée). A l’approche du Col de Montfroid, le cheminement devient plus aisé, et je prends mon temps pour rejoindre le joli Lac Nicolas, promontoire de premier ordre sur les Aiguilles de l’Argentière.

Pour la suite, j’hésite : Plonger sur le hameau du Suet par Montfroid et remonter jusqu’au Col de la Croix de Fer, soit 700m à descendre pour en remonter 300, ou traverser vers le nord-est et rejoindre un petit col marqué à l’altitude 2384m au-dessus des Rochers de la Curiaz, ne nécessitant qu’une remontée de 100m. Je choisis cette option, et déambule seul au monde en ces lieux enchanteurs. Pour franchir le Ruisseau du Grand Lac, pas d’autre choix que de poser chaussures et chaussettes. Le courant est faible et l’eau ne monte pas plus haut que les genoux, rendant la traversée délicieusement épique. Pour la suite, je tire à vue jusqu’au col précité, par un sentier visiblement uniquement emprunté par les bovins. De l’autre côté, je plonge en direction du Vallon. Le chemin est caillouteux, très pentu, et traverse quelques ravines marneuses qui déconseillent de l’entreprendre par temps humide. Je retrouve finalement le Col de la Croix de Fer au terme de 10h d’une marche entre ciel et terre, loin, si loin du fracas du monde.