Le Rougnou (2577m) par le Trièves, en traversée par les Petites Charances, le Col du Rougnou et le Col du Portail

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
1800m
Durée :
10h

Franchir la muraille dévoluarde par Tréminis est toujours une aventure hors norme tant le versant entre la Cavale et le Grand Ferrand est immense et abrupt... Les points de passages sont confidentiels et peuvent se dissimuler discrètement dans les remparts ruiniformes à l'instar du col du Portail... Pour les atteindre, il faudra affronter les grandes pentes escarpées et sillonnées d'innombrables ravines dominant un précipice abyssal, en arpentant un sentier taillé il y a plus d'un siècle sous les ordres d'une mystérieuse baronne... – Auteur :

Accès

Rejoindre Tréminis dans le Trièves par la D 216, à partir de la D 66 entre Mens et Lalley.
Dans le village, prendre la direction du Serre par la D 216c.
Avant le pont sur l’Ebron (coté 958), prendre la piste sur la gauche et se garer au parking du Boutari (1020m) au niveau d’un panneau d’information.

Précisions sur la difficulté

C’est un long parcours alpin destiné à des montagnards endurants ayant la capacité d’évoluer en terrain sauvage, raide et aérien, voire vertigineux.

  • Durant l’approche dans les bois, on croisera une multitude de chemins forestiers, certains n’étant pas indiqués sur la carte. Il peut être difficile de rester sur le bon itinéraire !
  • On emprunte en partie le sentier de la Baronne traversant d’abrupts dévers où le faux pas est interdit.
  • Les pentes des Petites Charances pour atteindre le col du Rougnou sont bien raides, supérieures à 35° sur un dénivelé d’environ 400m, on frôle le 40° sur 200m dans la partie herbeuse !
  • La remontée de 200m de dénivelé dans la combe de Prison pour atteindre le col du Portail dans la caillasse peut se révéler éreintante !

Il convient qu’un excellent sens de l’orientation et de l’itinéraire est nécessaire. Il est donc impératif de savoir s’orienter sans GPS.

Les infos essentielles

  • Carte IGN :
    TOP 25 3337 OT Dévoluy
  • Altitudes remarquables :
    Départ : 1020m
    Col du Rougnou : 2399m
    Le Rougnou : 2577m
    Col du Portail : 2476m
  • Dénivelé cumulé : environ 1800m
  • Distance totale : environ 17 km
  • Horaires : comptez entre 9 et 10h
  • Balisage :
    PR (jaune) sur la piste de départ et le retour une fois rejoint le sentier du tour de l’Obiou.
    Pistes et sentiers non balisés pour l’approche et la montée aux Petites Charances.
    Hors sentier pour la suite vers le col de Courtet, la traversée du Rougnou, la jonction avec le col du Portail et la descente sur le sentier de la Baronne.
  • Nota : le tracé sur fond de carte est donné à titre indicatif (ce n’est pas une trace GPS) et doit servir uniquement de repère à la lecture de la carte.
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Vers le sentier de la Baronne

Poursuivre à pied sur la piste forestière.
Traverser le radier et 300m plus loin, bifurquer sur le chemin de la combe Amare à droite. 150m après, tourner à nouveau sur la droite par un ancien chemin dévasté par une crue. Celui-ci se trouve mieux marqué sur la fin, et atteint un replat. Tirer à main droite pour trouver un sentier indiqué par une pancarte en bois « Le Serre ».

  • Si l’on poursuit tout droit, c’est pour monter au Pré de l’Aupet par le bas.

Traverser rapidement le lit du ruisseau des Chaberts et retrouver en face la suite du sentier qui s’élargit juste après. Continuer tout droit et ignorer tous les chemins la recoupant. Rejoindre la piste provenant du Serre à l’altitude d’environ 1100m. Présence d’un antique balisage marqué par un avion jaune sur un tronc de fayard à l’intersection.

Remonter cette piste sur environ 600m, la quitter pour un chemin à main droite. Celui-ci finit par sortir de la forêt au pied de la Grande Casse au niveau de débris d’avion et d’une plaque commémorative de l’accident.

Continuer à monter, puis partir en traversée à gauche dans le grand pierrier sur une bonne trace. Retrouver en lisière du Bois de Platin un cairn et la suite du sentier.
Il franchit le bois pour sortir dans une pente herbeuse dominant un ravin. Ici la trace se cache dans les grandes herbes mais demeure évidente : tout droit dans la pente !

La sente s’infléchit momentanément sur la gauche et débouche sur un replat d’une ancienne fondation où il subsiste un muret en pierre. Repérer la suite du sentier qui continue sur la droite. Après une traversée boisée, récupérer le sentier du balcon inférieur que l’on suivra sur la gauche.

Après 250m, au niveau du deuxième ravin, quitter le sentier pour celui remontant en lacets les pentes de la Seia, cairn au départ.
On arpente alors le sentier de la Baronne... Après trois larges zigzags, le sentier tire en ligne droite en traversée. On devine son tracé franchissant une vire entre les barres rocheuses...

Le Rougnou par les Petites Charances et le col du Rougnou

Traverser la vire entre les barres rocheuses dans un dévers abrupt. Gagner les grandes pentes herbeuses des Petites Charances.
Au niveau de la deuxième grande croupe herbeuse, grimper droit dans la pente, haute de 400m de dénivelé... Direction le col du Rougnou !
La partie herbeuse frôle les 40° sur 200m. Lorsqu’elle se montre plus raide, on peut tirer sur la gauche vers un rocher caractéristique. Puis, revenir dans la ligne entreprise pour profiter au maximum du terrain herbeux.
S’enchaîne la partie en caillasse, heureusement moins raide ! Par une diagonale ascendante à droite en direction des contreforts de la Tête de l’Aupet, puis un infléchissement à main gauche, gagner le col du Rougnou.

Au nord, la crête du Rougnou se profile. D’abord herbeuse, elle se présente rapidement essentiellement minérale. La traversée, aisée au début, se révèle plus aérienne par la suite. Au bout de la crête, rejoindre le col du Courtet marqué d’un cairn.

  • Quelques mètres sous le col, versant Trièves, se trouve un autre cairn, il indique probablement le meilleur passage pour récupérer le sentier de la Baronne...

Le col du Portail par la combe de la Prison

Se diriger par une bonne trace dans les éboulis vers le col de Lapras. Puis, amorcer par les dernières oasis herbeuses, une descente dans la combe de la Prison.
Bien qu’on puisse contourner le flanc du Nid pour ne pas perdre le bénéfice de l’altitude, je conseille de rejoindre rapidement le fond de la combe de la Prison, surtout s’il reste le long névé dans son creux, on évitera ainsi une traversée harassante dans le raide dévers du tapis roulant... quitte à remonter 100m de dénivelé supplémentaire !

Remonter vers le col du Portail en restant dans l’alignement du talweg de la combe. Ceux qui ne connaissent pas le secteur, ne pourront pas croire à une porte de sortie en prenant cette direction... Tellement le couloir étriqué menant au col est bien dissimulé dans la muraille rocheuse !

Gagner le pied de l’échancrure. On peut remonter tout droit dans le couloir délité ou grimper sur la droite des gradins s’il reste un gros névé au milieu. Il est possible également d’aller chercher plus à droite des gradins puis une vire rocheuse revenant dans le haut du couloir.
Dans tous les cas, rejoindre le col du Portail, l’un des passages les plus confidentiels du Dévoluy, dans une ambiance à nulle autre pareille et un décor austère et ruiniforme, typique du massif.

Retour par le sentier de la Baronne et Courtet

Descendre sur le versant dominant le Trièves par un raide couloir délité. Bien repérer où traverse le sentier de la Baronne, puis l’emprunter en suivant sur la droite.
À proximité du belvédère à l’extrémité des Petites Charances, rentrer dans un petit cirque. Le sentier descend vers un éperon rocheux dominant une aiguille percée. On peut au choix : passer au-dessus de l’éperon ou franchir l’échancrure de cette dernière.
Dans les deux cas, on rejoint une grande croupe plus bas que l’on descend sur le fil. Celle-ci domine plus bas une barre rocheuse. Au niveau du dernier cairn, retrouver la fin du sentier de la Baronne s’insinuant dans les dernières pentes abruptes.

Recouper plus bas, au niveau d’un cairn, le sentier balisé PR du tour de l’Obiou. Prendre à gauche pour rejoindre l’alpage de Courtet.
Après les premiers courts lacets, poursuivre sur la sente qui reste au bord du ravin de Pravert. Rien que pour profiter de la vue sur ce versant colossal !

Rester sur la ligne de crête en rentrant dans les bois en suivant des marquages forestiers. Récupérer plus bas le sentier balisé PR que l’on suivra sur la gauche en descendant vers la cabane de Sous Courtet. Rejoindre tout en bas la rive droite du torrent de Chabert. Le franchir à gué en suivant les cairns. Descendre par la piste effectuant quelques lacets en passant à côté de la baraque de Pravert.

Traverser à gué le torrent de l’Ebron, puis poursuivre jusqu’au parking par la piste et le chemin recoupant ses lacets.

. Randonnée réalisée le 13 juin 2022

. Dernière modification : 19 juin 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

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Afficher les commentaires précédents (16).
  • Hello Arnaud !
    La belle arête du Rougnou est à mon sens un incontournable du Dévoluy, mais y accéder par la Baronne rajoute encore une autre dimension à ce superbe sommet ! Très belle inspiration, bravo !

    Le 14 juin 2022 à 21h51
  • Bravo pour ce topo extrêmement précis, pour ces photos magnifiques, et par-dessus tout, pour ce périple de grande envergure !
    Encore une fois, Arnaud, tu nous épates ! Enfin...moi en tout cas tu m’épates !
    Et tu réveilles mon envie du sentier de la Baronne !

    Le 14 juin 2022 à 22h11
  • Merci du retour, Sylvain.
    La montée au col du Rougnou par les Petites Charances, je l’attendais depuis 6 ans, depuis ma première traversée du sentier de la Baronne !
    Initialement, j’avais prévu une montée à l’Aupet par la face nord, en traversée par le versant ouest du col de Drouillet (que j’avais déjà fait aussi en 2016), puis j’ai changé d’avis la veille de partir !
    L’un des objectifs était d’observer les conditions de la face nord du Petit Ferrand que je pensais enchaîné dans les prochains jours... Mais il reste un névé à l’attaque du couloir et d’autres peu ou prou sur l’itinéraire... Et je ne prendrai pas le risque de me retrouver bloqué dans cette face !
    Du coup, j’irai tâter la nord de l’Aupet en enchaînant le versant ouest d’Oriol que je n’ai pas fait non plus !

    Pour info, il y a d’autres points de passages praticables au sud de l’Aupet : le pas des Arêtes et le pas des Grépoux... Avis au explorateurs !

    Le 14 juin 2022 à 22h11
  • Merci Nadine, j’ai pensé à toi en revenant sur ce sentier mythique, je t’y accompagnerai avec grand plaisir.
    J’ai encore été impressionné par la raideur des pentes traversées... C’est haletant... On respire un bon coup et on y va !

    Le 14 juin 2022 à 22h17
  • C’est un joli coin ce secteur.
    Le col du Rougnou se remonte finalement assez bien si le terrain est sec, malgré la raideur des pentes.
    Par contre pour la descente, je me souviens en 2008, ne pas avoir "fait le malin" quand j’étais redescendu par ces pentes dans la pénombre après être monté par le "Pas des Grépoux" et avoir traversé l’Aupet.
    De mémoire, en version estivale, il n’y a pas de réelles difficultés dans le versant N de l’Aupet.

    Le 14 juin 2022 à 22h32
  • Salut SebL, j’avais bien vu ton topo sur Bivouak, c’est un bel itinéraire !
    En effet, rien de difficile dans le versant nord de l’Aupet, mais je n’y suis jamais passé !

    Le 14 juin 2022 à 22h41
  • En effet, l’Aupet en vaut l’effort.
    Tu parles aussi du versant N du Petit Ferrand. Pour le coup, en étant seul, j’avais trouvé cela assez engagé, d’autant que je crois que je m’étais écarté du cheminement "classique". La descente par les Charances, plus facile, avait alors permis de faire une belle sortie sur le secteur des lieux.

    Il faudrait que j’y retourne pour me remémorer tout cela !!

    Le 14 juin 2022 à 23h17
  • Arnaud, il va falloir que j’y pense sérieusement....avant d’être atteinte par la limite d’âge ! Je pense que c’est cette année ou jamais !

    Le 14 juin 2022 à 23h20
  • C’est exactement la boucle que je vise, montée par le versant ouest du col de Drouillet, descente par les Charances de Ferrand... Bien que je connaisse le final pour être monté au Petit Ferrand par la crête de l’Étoile, j’appréhende un peu quand même certains passages...

    Le 14 juin 2022 à 23h24
  • Juste après avoir rejoint l’itinéraire de la crête de l’étoile, il y a des passages impressionnants pour aller au Petit Ferrand, et puis l’éventuel passage sur les arches inter-ferrantes est également impressionnant (et exposé).
    Mais le passage qui m’avait paru le plus difficile était au milieu de la face.
    La Boucle N du Petit Ferrand puis descente du Grand par les Charances est assurément sur le haut de la liste des plus belles boucles du Dévoluy (mais il y en a plein d’autres !).
    A ne pas mettre entre toutes les semelles quand même ! Pour certains, ces randos du vertige peuvent s’assimiler à de la "rando pour alpiniste".

    Le 14 juin 2022 à 23h31
  • Bravo Arnaud, pour cette course passionnante !
    Je n’ai jamais randonné par ce versant Ouest, il va falloir que je m’y mette !
    Bravo encore !

    Le 15 juin 2022 à 09h59
  • Salut Arnaud, tu parles de névés ds la face Nord du Ferrand, as tu remarqué si il en reste au niveau de la crête de l étoile par hasard ? Merci 😃

    Le 16 juin 2022 à 16h51
  • Merci Rab ! Ce versant dominant le Trièves est fantastique ! Il va bien te plaire !

    Sylvain, la crête de l’Étoile m’a l’air jouable. J’ai d’autres photos à venir...
    Par contre la question se pose dans la liaison entre le Petit et le Grand Ferrand concernant la petite vire et le tunnel... Sinon il faut passer sur le fil des arches Interferrantes !

    Le 16 juin 2022 à 18h04
  • Remarque très pertinente, j avais oublié cette liaison... Tu as raison, il est bien probable que cette zone encaissée garde la neige longtemps et que le tunnel soit peut-être même encore bouché.
    Merci pour ces infos !
    Hâte de voir les nouvelles photos !
    A+

    Le 16 juin 2022 à 19h31
  • Bien content de voir ce beau topo, dévoluard dans toute son essence et ta remontée ouest du col du Rougnou. Oui, quel versant !
    D’ailleurs, ces cols permettent des boucles alternant entre les versants ouest et est de la grande barrière ! On peut l’envisager à la descente ce col, bien que raide, genre : vallon du Mas, descente ouest du col du Rougnou, sentier de la Baronne, Portail, col de Lapras" 🙂 Ou la version vénère "Couravou, descente col du Rougnou, sentier de la baronne, Portail, Cavale, Malpasset ou descente Fuvelle, escalier, cheminée petit Obiou" ahahah !

    Le 17 juin 2022 à 21h07
  • Merci Rémi,
    Il y a encore des passages à explorer dans ce versant : face ouest de la Cavale, col du Courtet, pas des arêtes et pas des Grépoux !
    Il y a aussi les Crances au sud du Grand Ferrand, itinéraire dantesque déniché par François !
    Mais rien qu’un tour du Nid par le Courtet et le Portail doit être pas mal ! À savoir d’où tu pars et quelles portions du sentier de la Baronne tu empruntes... !

    Avec ton imagination, tu devrais nous concocté un itinéraire du tonnerre !

    Le 17 juin 2022 à 21h55
  • Hello !
    Il y a bien un passage par la face Ouest de la Cavale. Il se situe peu après l aiguille percée indiquant la fin de la Baronne !
    J ai emprunter cette itinéraire lors de ma sortie "Tête de la cavale par le sentier de la baronne et le col du Portail".
    A+

    Le 18 juin 2022 à 07h53
  • Bravo pour cette variante ! En effet, j’avais oublié que tu y étais passé !
    Je l’avais déjà évoqué dans les commentaires du topo avec le lien vers le blog de Clec où il bivouaque sur la crête entre la Cavale et l’Évêque !
    De plus, on voit bien la sente dans ce versant ouest, du sommet. À tâter un de ces quatre !

    Le 19 juin 2022 à 11h34
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