Pic de Charance (2316m) par Champ Contier, les deux crêtes, retour par la cabane du Sause

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
1300m
Durée :
8h

Le pic de Charance n'est qu'un second couteau de cette rando, dont l'intérêt majeur réside dans le parcours des crêtes : d'abord au-dessus de l'Ubaye et des belles aiguilles du Vallon du Clot du Mélèze, puis sur la crête des Carattes, injustement méconnue, qui borde le cirque du Morgon. Sans oublier, entre le pic de Charance et le col de la Rousse, les couleurs du cirque de Bragousse et les reliefs chaotiques de l'échine de l'Aiguille. Le tout, bien sûr, en sus des spectacles offerts par le cirque du Morgon et les grandes fenêtres bleues du lac de Serre-Ponçon... – Auteur :

Accès

En voiture : départ de Champ Contier ou de Costeplane

Accès possible par le LER Gap-Barcelonnette mais :

  • départ du Lauzet : compter 300m de dénivelé additionnels
  • en partant de Gap, attention aux horaires qui ne laissent pas une grosse marge

Précisions sur la difficulté

  • Portions hors sentier, ne présentant pas de difficultés d’orientation si la vue est dégagée
  • Un ou deux brefs passages en désescalade et de courtes portions légèrement vertigineuses

Les infos essentielles

  • Carte IGN : TOP 25 - 3438 ET "Embrun Les Orres Lac de Serre-Ponçon"
  • Altitude minimale : selon point de départ, entre 900 et 1170
  • Altitude maximale : 1379 m
  • Distance : selon point de départ, entre 16 et 23 km
  • Horaires : comptez entre 7h et 9h
  • Balisage : PR pour la partie balisée de l’itinéraire
Sensibilisation

Le milieu que vous traversez durant cette randonnée est fragile. Faites attention à la flore et ne dérangez pas la faune locale. Rapportez vos déchets et ramassez ceux que vous trouverez. Vous soutiendrez ainsi le mouvement KeepTheMountainsClean, une initiative Altituderando !

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Itinéraire

Topo d’origine ici

On part sur le sentier PR bien balisé qui s’élève au-dessus de Champ Contier en rive droite du ravin de la Blache, avec de jolis passages en balcon au-dessus du torrent.
À l’embranchement qui propose le Parual à droite, rester sur le sentier de gauche, et le suivre jusqu’à arriver en vue de la Cabane de l’Aiguille alors que le vallon s’élargit (photo 6). Longer alors le lit du torrent jusqu’à pouvoir le traverser pour passer en rive droite sur un grand replat herbeux.

Une fois sur le replat, mettre le cap au sud-ouest en direction d’une sorte de rampe herbeuse (photo 8) qui rejoint la crête sous le point nommé Blachasse sur la carte IGN ; la rampe comporte une excellente sente de moutons qui débouchera à un collet sur la crête.
De là, on va suivre la crête en passant une alternance de pentes plus ou moins herbeuses et de ressauts qu’il faut tantôt contourner (par la droite ou par la gauche selon le terrain) tantôt désescalader. Normalement, si la désescalade paraît délicate, le contournement est possible ; il y a toutefois un passage où une désescalade de quelques pas nécessite de bien tester ses prises, et un autre où le contournement se fait à flanc de pente modérément impressionnante (photo 13).

  • Les deux premiers ressauts sur la crête sont à contourner par la gauche ; le suivant, en haut d’une pente herbeuse, par la droite.

Lorsque vous commencez à voir apparaître des couleurs très "Morgon" cela signifie que vous êtes en vue du sommet 2378, par lequel il faut passer pour rejoindre la crête du Cirque du Morgon. Vous retrouverez alors un sentier plus marqué, que l’on empruntera vers le nord-est en négociant d’abord un amusant ressaut à double bosse (photo 15) : en descendant de ce dernier vous serez sur la crête des Carattes à proprement parler.

Encore un petit effort et vous voilà au sommet 2379 de cette crête, qui mériterait bien d’avoir son nom à lui tant il offre un panorama glorieux : vues sur le Cirque de Morgon, les aiguilles du Vallon du Clot du Mélèze, le Pouzenc, les Séolanes, pour ne citer que les plus proches. Le second plan c’est le 360° Dormillouse-Dévoluy-Ecrins-Queyras-Ubaye-Estrop, on pourrait y passer la journée.

Pour rallier le pic de Charance, on s’engage sans hésiter sur la suite de la crête qui présente brièvement un aspect presque effilé, mais c’est du théâtre et ça passe très bien ; on retrouve bientôt une croupe herbeuse débonnaire qui mène jusqu’au pic. Vue sur l’extrémité "embrunaise" du lac de Serre-Ponçon, ainsi que sur le décor ruiniforme du cirque de Bragousse en contrebas.

L’on profitera encore du décor de ce cirque en descendant du pic en direction du col de la Rousse. Au col, on remonte brièvement la crête sud-est du sommet 2248, pour traverser bien en-dessous de ce dernier par une sente mi-ovine mi-humaine ; l’on continue ensuite à suivre des drailles pour traverser le fond du vallon du Voyer : il faut viser l’échine herbeuse qui sépare ce dernier du Ravin du Vallon. L’on descendra de cette échine par la draille qui paraîtra la plus praticable (ne pas hésiter à tirer vers le torrent en fond de vallon, la descente y sera ensuite plus commode). De là, mettre le cap sur la Cabane du Sause où l’on retrouvera un sentier balisé, à prendre à gauche en direction de Parual.

Jolie descente en mélezin d’abord, puis en forêt mixte. Après le Parual, on traversera le torrent de la Blache avant de retrouver l’embranchement rencontré à l’aller, qui nous ramènera à l’itinéraire de départ.

Sortie bivouac du 08/08/2020

Lors d’une traversée Lauzet-Morgonnet-Savines l’automne dernier, j’avais repéré l’anfractuosité du ravin de la Blache qui s’enfonce profondément dans les mystères du massif. Elle m’avait fait rêver. Seulement voilà, c’était déjà poudré de neige là-haut, je ne connaissais pas le terrain, et la nuit tombe vite à cette saison : la sagesse avait prévalu.
Mais lorsque j’ai cherché une sortie-bivouac pas trop exigeante pour randonneuse en petite forme à l’orée de la canicule, et que je suis tombée sur le topo, j’ai été séduite. Non seulement je vais emprunter mon sentier mystérieux, mais je vais surplomber l’Ubaye par les crêtes que j’avais convoitées cet automne ; là-dessus je vais emprunter le sentier de ronde du Cirque du Morgon, ce que je n’avais pas fait lors d’une ascension précédente au maître des lieux : que demander de plus ?

Un peu moins de cagnard, voilà ce que j’aurais pu demander. Mais on ne me l’aurait pas donné. En ce vendredi les températures sont encore presque raisonnables, mais la luminosité est déjà poudreuse. Dès les premières heures de montée les sommets du Dévoluy sont engloutis par l’opacité de l’horizon, et le sac de bivouac me pèse lourdement aux épaules sous le soleil. Heureusement le sentier est à la fois peu exigeant et varié : tantôt taillé en balcon tantôt filant sous les arbres, il présente des cascades, des ruines de bergerie, des touffes de lavandes encore en fleurs.

Lorsque l’on arrive en vue des alpages de l’Aiguille, le paysage s’élargit subitement. Dans la première prairie j’ai un petit choc : il y a là de véritables colonies de gentiane croisette, je n’en avais jamais vu autant. J’en oublierais presque que le moment arrive de quitter le sentier pour la montée à la première crête du jour.

Le parcours de cette crête est un régal avec ses vues sur l’Ubaye, Serre-Ponçon, les sommets au sud de Barcelonnette dont je vous épargne le détail ; mais aussi à cause des vues sur le vallon du Clot du Mélèze, et notamment cette montagne sans nom qui n’est qu’un long peigne d’aiguilles ruiniformes (photo 10). Les ressauts de la crête ne sont jamais bien féroces, même s’il m’a fallu faire machine arrière sur l’un des plus gros qui ne se prêtait finalement pas à la désescalade ; et en me rapprochant de la Tête de la Vieille, les premières "couleurs Morgon" émaillent le dernier sommet avant la jonction avec la crête des Carattes. Je suis déjà montée au Morgon, la montagne fraise-pistache, mais je n’en suis pas pour autant devenue insensible à ces épanchements d’argilites vineuses, si spectaculaires sur fond de cargneules ou de traînées de gypse : l’émerveillement est toujours là.

Une fois passé le curieux verrou du double ressaut qui barre l’entrée à la crête des Carattes, me voici maintenant en vue de la dernière pièce du butin : le Cirque du Morgon. Le Cirque, barbouillé comme une palette de peintre, le Cirque avec ses bosses, ses cratères, et l’œil cyclopéen de son petit lac encore un peu humide, le Cirque suspendu en terrasse devant l’arrière-plan bleuâtre des Écrins : cette fois je complète le paysage de ma première visite.

Je monte au sommet 2379 de la crête des Carattes, et là plusieurs constatations s’imposent soudain à moi.

D’abord, que le Pic de Charance est de 60 mètres plus bas.
Ensuite, qu’on y aura des vues moins intéressantes sur le Pouzenc, la Montagnette ou les Séolanes, ainsi que sur les vallons autour de l’Aiguille.
Que je suis drôlement bien sur mon sommet 2379, et je me demande pourquoi diable, dans ce massif, cela fait déjà plusieurs reliefs intéressants qui sont restés anonymes ?
Que c’est ici que je vais passer la nuit.

Et je m’installe. Pour une fois que je ne pose pas le bivouac à la dernière minute, pressée par la nuit ! Je vais prendre tout le temps de la contemplation, et celui de savourer le plaisir de la première nuit en montagne cette année. Et même si le ciel trop nu et le soleil trop haut n’offrent pas un de ces crépuscules glorieux, je profite du couchant jusqu’à la dernière lueur.

Le lendemain matin, après bien sûr une nouvelle représentation de spectacle solaire, j’amorce le chemin du retour.

Je pensais qu’après tout ce que j’avais vu la veille, ce deuxième jour serait un peu plus sobre. Mais c’était compter sans la fresque de couleurs au flanc du Pic de Charance dans le cirque de Bragousse ; sans les clochetons de Voyer ; et surtout sans la vision, au col de la Rousse, de la fantasmagorie minérale qu’offrent l’Aiguille et l’entrée du Vallon du Clot du Mélèze. Je vais avoir du mal à m’arracher à ce spectacle immobile...

Là-dessus je vais recevoir un étrange petit cadeau de la montagne. Alors que je redescends la croupe au-dessus du Clot des Ânes, en surveillant bien mes appuis car j’ai bêtement pris un cap trop raide, mon regard est accroché par un scintillement. "C’est au moins un diamant..." Je me penche, et "On dirait un éclat de verre". Mais quand je le ramasse, surprise : soit c’est l’oeuvre d’un verrier à vocation minéralogiste, soit c’est un minuscule cristal du quartz le plus pur que j’aie jamais trouvé. Mais....du quartz ici, en plein pays calcaire ??? (après un petit tour sur geoforum il semble que ce ne soit pas entièrement délirant)

Après les cabanes du Sause, je retrouve l’ombre douce du mélezin. Fort bienvenue puisque chaque centaine de mètres perdus me rapproche de l’haleine brûlante de la canicule. Seule une brève trempette sous la cascade de la Blache sera l’occasion d’oublier, encore pour quelques minutes, la température des vallées.

Je me faisais la réflexion qu’il en va, pour moi du moins, des montagnes comme des œuvres musicales. Certaines, austères ou savantes, nécessitent une certaine familiarisation préalable ; avec d’autres il faut se laisser lentement gagner par l’atmosphère. Mais ce secteur du Morgon c’est la symphonie tonitruante, tout l’orchestre qui vous saute à la figure. Reliefs, matières, couleurs, vues, rien n’est oublié ; c’est tellement riche que je ne regrette aucunement d’avoir mis deux jours à faire une balade qui, objectivement, se boucle en une journée.

. Randonnée réalisée le 8 août 2020

. Dernière modification : 6 octobre 2022 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

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  • Oups ! Je l’avais manqué, celui-là...
    Quel beau pays là aussi, de belle photos, et toujours un texte qu’on se régale à lire !

    Le 28 août 2020 à 17h41
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