Punta Ciatagnera (3294m) et Punta Clapiera, Nord (3248m) et Sud (3236m)

Du col de Montgenèvre, passer en Italie. Traverser Clavière jusqu’à Cesana Torinese où il faudra suivre la direction de Sauze di Cesana.
Après avoir traversé Bousson, bifurquer vers Thurès, puis Rhuilles par une piste carrossable.
Suivre cette piste cahoteuse sur 7km environ, se garer juste avant le pont sur le torrent Thùres (1948m).

• La raideur du versant d’ascension est élevée. Du fond du Val del Thùres, les verrous délivrant les vallons supérieurs (ici le Vallone della Clapiera) cachent la vue sur les sommets du chaînon, il faudra être sûr de remonter les bonnes pentes d’accès. Pour ce topo, le départ est indiqué par une pancarte, mais la suite n’est pas marqué par un sentier, ni sur le terrain, ni sur la carte. À noter la présence de cairns en haut du verrou et dans le Vallone della Clapiera jusqu’au col sans nom 3153m.
• L’itinéraire exécuté dans ce topo est en grande partie hors trace, réservée à des montagnards avertis.
• Ne pas avoir peur des termes tels que « raide » et « caillasse » ... Vous en serez servis !

Avant-propos

La Punta Ciatagnera, un nom qui raisonne élégamment... Essayez avec un semblant d’accent italien !
Plus sérieusement, cette cime m’attirait car aucun itinéraire n’est indiqué sur la carte ; qu’excepté le Bric Froid, c’est le point culminant de ce chaînon fascinant aux versants raides et sauvages.
De ce que j’ai pu observer de la Punta Serpentiera et de la Cima del Pelvo, sa face sud me semblait bien raide. Du Roc del Boucher, celle nord-ouest m’est apparue trop abrupte. En prenant du recul, j’ai pu mieux l’examiner du Pic de Terre Noire, et c’est donc par cette face sud qu’il va falloir tenter... Un final soutenu d’environ 600m exclusivement minéral... Va falloir s’arracher... Mais comme dirait un grand aventurier : « On ne grimpe pas avec ses cuisses et ses bras, on grimpe avec ses tripes... »

Punta Ciatagnera

Traverser le pont sur le torrent Thùres et remonter la piste du Val del Thùres. Juste après les bergeries supérieures de Thuras, remarquer deux pancartes "Roc del Boucher" et "Punta Ciatagnera". À cet endroit précis, descendre droit vers le torrent pour y trouver une passerelle en rondins.

Passer en rive droite et tirer sur la droite, plein sud-est, dans l’alpage sans trop prendre de hauteur. Trouver normalement des cairns à l’approche du Rio Ciatagnera, ils marquent le départ de l’itinéraire du Roc del Boucher, ne pas les suivre.

Traverser le petit torrent, le longer sur une dizaine de mètres avant qu’il se sépare en deux bras. Remonter les raides pentes herbeuses en se tenant à droite (rive gauche donc) du bras de droite. On longe alors un bosquet de mélèzes par la gauche.

• Voir ce passage clé en image.

En haut du verrou, au niveau des deux derniers mélèzes, on retrouvera quelques cairns ajustant la progression pour atteindre le vallon supérieur.

-> La ligne à suivre est logique : tout droit en suivant la courbure du Vallone della Clapiera tout en restant proche du lit du torrent.

Une première partie soutenue en pelouse précède la seconde entièrement minérale et plus raide encore...

Cette partie de la montée dans le grand pierrier est jalonnée de cairn. On longe tout d’abord une petite ravine en remontant sur ce qui ressemble à un dépôt morainique formé par l’écoulement des eaux et de la fonte des neiges.

Lorsque cette ravine tire droit vers le sommet de la Punta Ciatagnera (à main gauche), la quitter pour rester dans le talweg de la combe.

• Aux schistes lustrés qui dominaient intégralement jusque là, se mêle de la roche verte (probablement du basalte et sa version métamorphisée : la prasinite).

Atteindre rudement le col sans nom 3153m.
Les pentes terminales vers le sommet de la Punta Ciatagnera se targuent d’être encore plus déclives... Encore 140m !

• Que conseiller dans ce terrain délité à l’extrême... Sortir le grand jeu !

Deux choix s’imposent : soit remonter dans le terrain excessivement sablonneux d’ophiolites, un pas en avant, deux pas en arrière ; soit tirer directement sous le sommet dans les schistes branlants.

• En choisissant la première option, on gagne une épaule d’où la progression sur l’arête sommitale est impressionnante.

Quelle joie insondable de gravir cette cime imposante, surtout sans en avoir déniché un itinéraire au préalable sur la toile.
De l’étude de la carte - prémices qui instillent l’ivresse de la conquête - puis de celle sur le terrain confirmant la ligne à tenter, jusqu’à l’aube où l’on se lance pour de bon, à gravir pas à pas la montagne, et enfin à fouler son sommet, cette profonde jubilation qui s’est infusée graduellement parvient à son paroxysme...
À l’aventure comme on dit !

Punta Clapiera, Nord et Sud

Revenir au col sans nom 3153m.

• À savoir que la descente sous le col (identique à la montée) sera bien plus commode que celle sous la Punta Clapiera... Mais bon, tout gourmand qui se respecte ne résistera pas à l’enchaînement !

Gravir l’étrave de la Punta Clapiera Nord.
Une trace part sur la droite contournant les premiers ressauts de l’arête. La rejoindre plus haut en suivant peu ou prou son fil. Une ultime grimpette délivre la rampe offrant le sommet.

Suivre l’arête de la même manière jusqu’à la deuxième pointe, la Punta Clapiera Sud, ornée d’une croix.

Maintenant la descente...

• On peut éventuellement baptiser ce chapitre suivant : l’overdose de caillasse !

Piquer sous le sommet dans le champ d’éboulis en tirant légèrement sur la droite afin de louvoyer une première barre rocheuse. Puis, descendre droit dans la pente en visant les pelouses salvatrices. Bon courage, c’est assez rude !

Une fois les pelouses rejointes, reprendre l’itinéraire entrepris à l’aller.

• Succèdent ainsi au pierrier raide des pentes herbeuses raides... Faut en avoir un peu dans les guibolles pour ne pas craquer... (Blague bien sûr !)

Penser à bien tirer sur la droite au dernier replat pour retrouver le passage clé entre le bosquet de mélèzes et le lit du torrent, celui qui permet de regagner le fond du val del Thùres.