Sortie du 16 octobre 2019 par pépite Tête de Gandin (3155m) et sa cime satellite (3126m) par le Vallon de la Bouteille - variante printanière

Initialement partis pour la Tête de Malacoste, nous avons revu nos ambitions à la baisse avec la belle chute de neige de la veille. Nous sommes donc sommes partis à la découverte du Vallon de la Bouteille et de la Tête de Gandin, dans une solitude absolue et des conditions presque hivernales au-delà de 2500m d’altitude. Au final, ce sera une journée pleine de surprises, bonnes ou moins bonnes !

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence

Conditions météo

Journée d’automne fraîche et lumineuse. Bon saupoudrage au-dessus de 2500m d’altitude.

Récit de la sortie

Ubaye jour 10

La météo exécrable du jour 9, avec de la pluie toute la journée et de la neige annoncée en altitude, nous a forcé à renoncer à la montagne. Nous avons donc fait une petite escapade chez nos voisins transalpins pour découvrir la jolie petite ville de Cuneo un jour de marché, et profiter de l’excellente gastronomie italienne.

Effectivement, quand je me lève au matin du jour 10, les sommets ont été bien blanchis par la première offensive de l’hiver. L’objectif du jour devait être la Tête de Malacoste, avec la Tête de Gandin en boucle. On verra bien ce que cela donne sur le terrain, mais les espoirs de grimper un autre 3000 s’amenuisent.

Nous partons donc un peu plus tard que d’habitude, et c’est vers 9h30 que nous laissons la voiture à Maljasset. Au lieu de prendre la piste habituelle en rive droite de l’Ubaye, nous choisissons le petit sentier en rive gauche, qui serpente bien joliment sous les mélèzes, mais au profil plus "casse-pattes" (il ne fait que monter et descendre). Cette première offensive de l’hiver a accéléré le brunissement des mélèzes, toute la forêt semble maintenant en feu.

Nous attaquons ensuite plus franchement la montée dans le Vallon de Chabrière. Noir du schiste, orange des mélèzes, blanc de la neige et bleu profond du ciel : les couleurs sont somptueuses. Un peu plus haut, le sentier le long du torrent de Chabrière, boueux, glissant et en dévers, est assez pénible à parcourir.

Nous arrivons finalement au niveau de la Cabane de Chabrière. Les bergers sont déjà redescendus. Il est presque midi, il faut prendre une décision. Avec la belle couche de neige tombée la veille, je crains que la remontée du couloir, exposé nord, en direction de la Tête de Malacoste, ne soit délicate. Nous décidons donc de poursuivre soit vers le Col de l’Autaret, soit vers la Tête de Gandin, pour laquelle les pentes me semblent moins raides sur la carte.

Nous atteignons finalement la neige vers 2500m, lorsque nous entrons dans la longue partie supérieure du Vallon de Chabrière. Que ce vallon est beau, calme et sauvage ! Le col de l’Autaret est en vue, mais son final paraît aussi bien raide et enneigé. Nous optons donc pour la Tête de Gandin, la montée vers la Vallon de la Bouteille, mieux exposée, étant en effet moins blanche. Nous galérerons quand même un peu dans la traversée du pierrier, rendu glissant par la petite couche de neige.

Vers 2850m, nous débouchons sur une petite portion plate parsemée de gros blocs. Le plus dur est fait ! La couche de neige atteint maintenant une vingtaine de cm. Nous apercevons enfin la Tête de Gandin, toute blanche mais pas trop pentue, cela paraît jouable. Il nous faudra encore presque une heure pour en atteindre le sommet.

14h30, ça y est, nous sommes en haut ! Pas très raisonnable comme horaire pour un 3000 mi-octobre dans la neige… La vue est magnifique et plongeante sur le versant italien. Le contraste est saisissant : là-bas, dans la Plaine du Pô, c’est encore presque l’été. Plus haut, les mélèzes nous rappellent que l’automne s’est installé. Et là, tout en haut, nous sommes déjà bien entrés dans le long hiver…

Un petit vent froid souffle au sommet, nous ne traînons pas et décidons de pique-niquer plus bas, à l’abri, vers 15h30. Ça sent le retour à la nuit ! La descente est rapidement avalée, trop peut-être, on ne va pas s’en tirer comme ça…

Après la Cabane de Chabrière, nous décidons de rester en rive droite du torrent, pour éviter le chemin assez fastidieux en rive gauche. Un sentier est dessiné sur la carte, il semble plus court. Au début, cela passe bien, puis le sentier se rétrécit de plus en plus, la pente se redresse, des buissons envahissent le chemin qui semble abandonné… Cela devient franchement exposé, puis nous débouchons sur une sinistre gorge noire, vestige d’un énorme éboulement relativement récent, qui a coupé le sentier sur 200 ou 300 mètres. Le terrain friable et schisteux rend la traversée suicidaire. Demi-tour donc, il faut remonter. Une demi-heure de perdue…

La descente se poursuit sans autre encombre jusqu’au Plan de Parouart. Une bonne idée n’arrivant jamais seule, nous nous disons que nous gagnerons du temps en reprenant la piste en rive droite de l’Ubaye au lieu du petit sentier de la rive gauche. Facile, on traverse le Plan de Parouart, 300m de plat sur la carte, et le tour est joué ! Le terrain caillouteux et dégagé du départ nous inspire confiance. On traverse à gué un premier bras de l’Ubaye, peu profond.

La galère commence juste après. De l’herbe haute, puis des aulnes, denses comme une vraie jungle. Au sol, des bosses, des trous d’eau, cachés par les herbes. En 2 minutes, les pieds sont trempés, les bras couverts de griffures. C’est à peine si nous pouvons avancer et discerner une direction. Nous luttons pour continuer, et voyons finalement la piste à quelques dizaines de mètres. Oui mais entre deux, ultime surprise, un bras mort de l’Ubaye, profond et vaseux. L’idée de faire demi-tour nous étant encore plus insupportable, nous enlevons chaussures et pantalon pour traverser. Brrr c’est glacial, et le fond vaseux n’inspire guère confiance ! Nous rejoignons finalement la piste. Bilan : 30min pour faire 300m… Maintenant, c’est sûr, le retour se fera avec la nuit, mais sans autre incident.

Au final, nous n’aurons croisé personne pendant les 10h de marche de la journée. Cette sortie me laissera des souvenirs marquants, empreints de solitude et de grands espaces. Ceux-ci sont pourtant à portée de main, nul besoin d’aller au bout du monde…

Le mauvais temps devant s’installer durablement pour le week-end, nous décidons de stopper là notre séjour en Ubaye, avec la pleine satisfaction d’avoir profité de chaque instant et d’avoir découvert un paradis perdu.

Bilan : sur 10j en Ubaye, 8j de randonnée, 8800m de D+ et 5 "3000" gravis. Et beaucoup de plaisir, inquantifiable lui !

. Randonnée réalisée le 16 octobre 2019

. Dernière modification : 19 avril 2020 (Avertissements et Droits d'auteur)

Auteur :

Réagissez !

Afficher les commentaires précédents (5).
  • Magique Ubaye... Quelle aventure pleine de rebondissements !
    Connaissant le secteur, je savais que le sentier en rive droite du vallon de Chabrière était exposé mais pas éboulé... Quant au marécageux plan de Parouart, il faut être bien téméraire pour le traverser droit dedans ! C’est plus simple de le contourner tel que la carte l’indique.
    Bravo pour ces belles ascensions !

    Le 19 avril 2020 à 18h14
  • @Arnaud : je l’avais mentionné sur le topo (photo2). Je suis passé avec la neige !
    @Pépite : Ce vallon... j’adore en toutes saisons !

    Le 19 avril 2020 à 18h47
  • @Dyn’s : Oui, c’est sûr que le prochaine fois, on ne nous y reprendra pas ! En tout cas ça laisse des souvenirs !
    @ Michel : En effet, mais je n’avais pas lu en détail votre topo avant malheureusement... ce n’est pas faute de passer du temps sur Altituderando pourtant !!

    Le 19 avril 2020 à 20h02
  • Quelle magnifique région là aussi !
    Et le récit des galères des autres en rappelle quelques-unes... C’est plus drôle vu de son fauteuil !

    Le 19 avril 2020 à 22h08
  • Au final on a pris ça à la rigolade aussi ! Tant que cela reste des petites galères...

    Le 20 avril 2020 à 18h52
  • Je me rappelle de ce 16 octobre... Grand beau, ciel cristallin sans brume, saupoudrage de la veille... C’était -la- journée à ne pas rater de tout l’automne !

    Le 21 avril 2020 à 13h56
  • Oui je suis allé voir ta sortie en question, le tour de la Pointe de la Terrasse, les photos sont somptueuses !

    Le 21 avril 2020 à 22h43
Chargement en cours Chargement en cours...
Veuillez patienter ...
Nouveau commentaire
Nous vous conseillons de vous connecter !

Nous posons cette question pour lutter contre le spam.

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

En postant votre message, vous acceptez la charte d'utilisation des commentaires.

Autres sorties

Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.

Aucune autre sortie pour le moment. Et si vous en ajoutiez une ?

Ces randos pourraient vous intéresser :

Tête de Malacoste (3216m) - Tête de Gandin (3155m)

Pelvat de Chabrière (3157m)

Tête de l’Autaret (3021m) et Pelvat de Chabrière (3157m) - (...)