Sortie du 14 juin 2021 par Pascal Lacs de la Belle Étoile et col de la Vache en boucle

Beau, chaud, brumeux, quelques cumulus grossissant au-dessus des sommets au cours de l’après-midi.

Le début de l’été offre une belle opportunité pour les randonnées d’altitude : Celle de pouvoir parcourir agréablement des champs de neige bien ferme sous les pieds, autrement plus agréables que les champs de caillasses des terrains d’altitude, surtout à la descente... Le Pic de la Belle Etoile se prête très bien à l’exercice. Et c’est aussi l’occasion de retourner voir le magnifique plateau d’altitude orné de sa multitude de lacs...

Départ vers 11h30 du Rivier d’Allemont, direction le raide sentier montant en direction du plateau des Sept Laux, qui démarre dans une verdure presque tropicale. Bien vite se pose le premier obstacle du jour : Un torrent qui, chargé d’eau de fonte, déborde largement de la maigre passerelle destinée à le franchir. Il faudra se mouiller un peu les pieds en sautant de pierre en pierre dans les flots tumultueux. Cela n’augure rien de bon si il fallait redescendre par là plus tard dans l’après-midi. Mais on continue quand même...

On avale tranquillement les interminables lacets de la combe zigzagant entre les multiples torrents sous l’oeil placide de quelques bouquetins. Puis voilà enfin les lacs, dans leurs écrins d’herbe pas encore reverdie, cernés de multiples névés. Lac de la Sagne, de la Corne, de Cos... Une petit ambiance polaire semble planer sur les grands lacs du nord du plateau, encore bien chargés d’une débâcle de banquise...

On improvise un cheminement sur les contreforts dominant le lac de Cos pour se diriger vers le lac de la Belle Etoile. L’herbe et la caillasse laissent place à la neige, Celle-ci a la consistance d’un névé récent, ferme mais pas trop dure, offrant une marche pas trop désagréable. On parcours maintenant à vue la large combe qui culmine au Pic de la Belle Etoile, tout au bout. Quelques cumulus s’invitent sur les crêtes, offrant parfois une belle ambiance de nuées se déplaçant sur les pentes...

16h, le sommet. La vue est magnifique, malgré les cumulus qui viennent parfois interrompre le spectacle. On s’offrira presque une heure de pause contemplative sur la petite terrasse du sommet sud...

C’est l’heure de descendre... Cela commence par une magnifique traversée dans les débonnaires champs de neige longeant la crête pour rejoindre le col de la Vache, duquel la descente sera expédiée en ramasse, luge et autres dévalages autrement plus rapides et agréables que le "tout caillasse" de la version estivale. On finit par retrouver la verdure parcourue de torrents, à l’ombre des cumulus s’entêtant à accrocher les sommets de Belledonne. Un torrent beaucoup trop gonflé devra être traversé en plongeant carrément les chaussures dans l’eau, mais ce n’est pas grave, les chaussures sont de toute façon déjà trempées par toute cette marche dans les névés fondants.

Descente tranquille de la grande combe en direction du Rivier, de plus en plus verte sur le bas. Puis on retrouve le confortable sentier traversant la raide forêt en direction du village. L’aventure se termine... Ou bien ?

Car c’est toujours aux moments les plus improbables que les imprévus se produisent. En l’occurrence, deux patous, semblant garder de possibles enclos à moutons dominant le village pourtant à encore 5min de marche, bloquent le sentier, bien décidés à ne laisser passer aucun intrus. Aboiements, grognements agressifs... Le message est clair. Après avoir rebroussé chemin et attendu 30min espérant que les deux cerbères aillent vaquer ailleurs, deuxième tentative.... Mais non, ils sont zélés et fidèles au poste, et on aura cette fois droit à une "reconduite à la frontière" en bonne et due forme, obligeant à remonter le sentier en forêt sur plus de 500m, tout arrêt et même regard en arrière étant sanctionné de menaces peu diplomatiques...

Quelles sont les options ? Pas d’autres sentiers descendant vers la vallée, et impossible de contourner dans le dévers forestier bien trop raide... Quoi que... On est à environ 150m au-dessus des prairies et de la route, et plus bas une légère croupe un peu moins raide semble se dessiner dans la forêt... Le piolet, qui pensait pouvoir profiter de toute la rando tranquillement accroché sur le sac, sera mis à contribution pour descendre l’abominable pente de terre et rejoindre la croupe. Il faudra ensuite batailler un peu pour contourner des zones de végétation broussailleuse et touffue. Mais voilà qu’enfin se profilent en bas les clairières et les prairies, en espérant que celles-ci n’hébergent pas la population ovine objet du conflit... Et voilà la route, cette fois l’aventure est vraiment terminée. Il est 20h30.