Sortie du 23 juillet 2022 par michel Le Cimet (3020m) par la Cayolle

Brise bienvenue avec un petit 22° au retour... il faut en profiter, car les vallées surchauffent !

Après un accident bête (y en a-t-il d’intelligent ?), je m’en tire avec une luxation de l’épaule. Vous pouvez me croire… C’est douloureux !
Il va me falloir du repos et bon nombre de tubes de crème " Baume Saint-Bernard " !
À minima, je dois aussi revoir mes ambitions à la baisse, notamment pour les mois de juillet/août.

À choisir, je préfère que cet incident se soit produit en été. En effet, j’ai de moins en moins de plaisir à parcourir les montagnes à cette saison : trop de monde, trop chaud, trop de moutons sur mon passage… Le seul véritable avantage, c’est que je peux bivouaquer la veille de l’ascension sans me peler l’oignon !

Après avoir retrouvé de meilleures sensations sur mon appui main droite, je décide d’épingler quelques sommets abordables. Le Cimet pour commencer, un sympathique 3000 sans aucune difficulté notoire, et qui devrait convenir à la circonstance !

De surcroît, j’en profite pour effectuer un petit repérage du secteur. J’observe de belles lignes de crêtes qui m’inspirent déjà, et que mon cerveau effervescent imagine enneigées !

Aussi curieux que cela puisse paraître, je ne croiserai aucun randonneur lors de cette ascension. Seulement des moutons gardés par plusieurs molosses nerveux.

À l’heure où la planète manifeste chaque jour les effets délétères des activités humaines, je ne peux m’empêcher d’imaginer les montagnes en l’absence du surpâturage :
« Un gai savoir écologique » qui confère le droit pour certains milieux naturels d’être en libre évolution.

« Claude Lévi-Strauss appelait de ses vœux un " humanisme " sagement conçu, qui ne commence pas par soi-même, mais fait à l’homme une place raisonnable dans la nature au lieu qu’il s’en institue le maître et la saccage sans même avoir égard aux besoins et aux intérêts les plus évidents de ceux qui viendront après lui. »

Un petit courant d’air bienvenu rafraîchit l’atmosphère. Malgré tout, je grimpe torse nu. Mon joli teint hâlé surclasse toutes les crèmes solaires. L’évolution offre une protection bien plus efficace que l’industrie des cosmétiques.

J’atteins finalement la cime convoitée et ma crainte de chute se dissipe peu à peu. Imaginez un chamois sur 3 pattes ! Les humains sont patauds et si peu adaptés au relief des montagnes que cette comparaison est osée. Si je devais utiliser une parabole pour décrire l’instant, je dirais que je peux me comparer à une 2CV chaussée avec des pneus de compét !
En effet, mes nouvelles chaussures d’approche sont très efficaces. Les anciennes sont quelque peu ratatinées et un ressemelage ne suffirait probablement pas à les rafistoler.

En haut, je découvre un cairn et une petite pierre colorée. L’art éphémère a investi la montagne ! De toutes les représentations humaines, hormis l’absence totale de sa présence, il se pourrait que ce soit celles que je préfère !