Sortie du 7 octobre 2023 par gegers La Grande Lauzière par la Combe de Jasse Bralard retour par le Lac David

Beau temps, chaud pour la saison.

Tout d’abord le silence. Monacal, presque sépulcral. La vue des premières lueurs de l’aube sur la Chartreuse et le Vercors s’accompagne d’une absence totale de bruit. Et puis vient celui, machinal, qui accompagne la mise en route de la machine en direction des Lacs Robert. Les bâtons frappent le sol, en rythme, tandis que les chaussures s’affairent sur ce sol terreux, peu à peu remplacé par un pierrier rébarbatif. Sous les lacs, les pierres branlantes et les éboulis constituent la base d’une symphonie minérale dont on s’extrait avec plaisir.

Alors que le soleil s’enhardit, irradiant les sommets alentours, la montagne donne l’impression de s’éveiller peu à peu. Les oiseaux piaillent et gazouillent, et alors que j’entre dans la combe de Jasse Bralard, la montagne se met à siffler. Quelques chamois, dans les pentes ombragées sous le Col de la Grande Vaudaine, réprouvent ma présence en ces lieux préservés. Sous le Pic de Mirebel, ce sont des bois qui s’entrechoquent, ceux de jeunes bouquetins qui se jaugent et s’engagent dans des joutes paresseuses.

Plus haut, sur le vaste plateaux d’ardoises borné par la Grande Lauzière et Tête Noire, la montagne craquète, croustille. On a ici l’impression de marcher sur de la porcelaine cassée, une analogie sans doute issue de mes origines limougeaudes. A part une petite brise qui rafraîchit le corps échauffé par cette rude montée, nul autre son que celui des pas qui parcourent ce sol martien. Si, à proximité du sommet, quelques bouquetins semblent avoir fait de cet imposant vaisseau hissé à plus de 2700m d’altitude leur havre de paix.

Le retour par le Lac David et le long retour, agréable en ce début d’automne, donne à l’esprit l’occasion de vagabonder, et c’est presque machinalement que sont avalés les 10 kilomètres menant au Recoin. Une longue journée dans le petit paradis sonore et visuel de Belledonne.