Sortie du 25 mai 2024 par gegers Grand Som (2026m) et Petit Som (1772m), en boucle par le col de Bovinant et le Pas du Loup

Sentier humide suite aux précipitations des derniers jours.

C’est tout d’abord un chant. Comme un roucoulement, entre celui de la tourterelle et du pigeon. Un chant qui tranche par sa force et sa portée au milieu des timides piaillements des oiseaux qui volent aux abords du Grand Som. Et puis, de temps en temps, retentit un sifflement rauque, qui remplace le chant, comme pour permettre à l’animal d’affirmer sa présence. Car il est la, le tétras-lyre. Il est là, dans ces combes mi-herbeuses, mi-rocheuses, qui surplombent le habert de Bovinant.

Le voici, au détour d’un sentier, qui déploie ses ailes, porte haut sa cocarde d’un rouge fier et pétillant. Le voici qui après s’être envolé se pose au sommet d’un pin, et s’installe là, comme une vigie, telle une girouette, pour mieux regarder le monde. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas observé cet animal que j’avais presque oublié l’émotion que l’on peut ressentir à sa rencontre. Il y a ces rencontres que l’on n’oublie pas : son premier chamois, sa première marmotte, plus récemment pour moi sa première hermine, et puis son premier tétras. C’était en 2014, dix ans déjà, au hasard d’un sentier. La rencontre avec le tétras est souvent due au hasard.

Tandis que le soleil vient lécher les pentes du Col de Léchaud, je réalise que le tétras n’est pas seul. Ils sont bien deux, voire trois, à parader ici dans la chaleur naissante, à l’heure où le printemps s’installe en montagne. La saison s’y prête. Et puis d’un coup, comme il était apparu, tel un mirage, une chimère, l’animal disparait. Et le silence se fait.