Sortie du 6 avril 2024 par Peyuko Traversée des Rochers du Parquet (2024m) par le Col de l’Aupet, le Pas de la Selle et le Pas de l’Aiguille

Ciel légèrement voilé. Fortes rafales par moments (60km/h). Température très douce pour un début avril.
En début d’après-midi, au sud-ouest, le ciel a commencé à se charger de sable du Sahara.

Le Vercors. Je n’y vais pas souvent. Sûrement pas assez.
Départ à 8h45, en t-shirt. Nous sommes début avril, cherchez l’erreur.

Le Mont Aiguille trône fièrement. Évidement, je l’ai vu maintes fois en photo et je l’ai aperçu furtivement en passant en voiture, mais aujourd’hui je vais pouvoir le dévorer à mon aise, sous tous les angles ou presque.

Sous le Pas de l’Aiguille, de jeunes bouquetins prennent leurs premières marques aux côtés de leurs mères placides. Il est si rare que l’Homme ne soit pas synonyme de danger. Au-delà, du fait que l’on puisse facilement les observer, j’aime les bouquetins, car ils nous laissent pénétrer leur territoire sans s’émouvoir de notre présence, ils nous renvoient ainsi à notre insignifiance.

Un peu plus haut, le Monument à la mémoire des maquisards nous renvoie, lui, à notre inconséquence.

Me voici sur le Haut Plateau du Vercors. Un plateau qui n’en est pas vraiment un car tout en bosses et en ondulations. Et dans ce grand espace entre les deux Pas, je ne croiserai personne. Ça laisse plus de place à la contemplation.

En restant à crête, je tombe sur une indication peinte sur un rocher : "Fentes du Parquet. Rappel 45 mts (pin)". Je me souviens alors que Mickael m’avait parlé de la Voie de l’Eclair, un itinéraire d’une autre dimension. Je ne compte pas mettre les pieds dans ces fentes, mais en poursuivant à crête, je finis par me rendre compte que je suis bloqué. À moins de faire un saut suicidaire, impossible de franchir ce dédale de fissures qui a grignoté le Parquet. Une armée de termites géants, aurait-elle été à l’œuvre ?

Je reviens sagement sur mes pas pour suivre ces anfractuosités abyssales du bon côté. En atteignant le haut des Rochers du Parquet, je retrouve le Mont Aiguille, qui exhibe sa face ouest à présent. Avec, en premier plan, des dentelles rocheuses et des ouvertures dans les falaises, Trièves, Écrins et Dévoluy en toile de fond, impossible de se lasser du spectacle de cette énorme muraille plantée sur son socle d’éboulis.

À proximité du Pas de la Selle, je me dis qu’il est encore tôt pour rentrer. Me voici donc en chemin pour le Sommet de Peyre Rouge. Le relief et la neige molle m’obligent à m’orienter vers le Sommet de Montaveilla auparavant. Et arrivé à Peyre Rouge, alors que la vue est déjà une belle récompense, voici qu’un petit groupe de bouquetins semble venir à ma rencontre. Je n’en demandais pas tant, mais j’accepte ce cadeau volontiers !

Comblé, je prends le chemin du retour. J’avise un couloir sec qui m’évite de revenir sur mes pas et je parviens ainsi juste sous le Pas de la Selle.

La Montagne de l’Aupet conclut cette journée en beauté, d’abord avec son col, où les parois crénelées des Rochers du Parquet font face à l’énorme et massif Mont "Inaccessible", et ensuite avec sa forêt ouverte, où se dressent quelques pins et fayards majestueux.

Le Vercors. Je n’y vais pas souvent. Vraiment pas assez.

Au total, environ 17km et 1200m D+