Sortie du 15 juillet 2023 par CourtePatte Mont de Maniglia (3183m)

Une montagne polychrome sous des éclairages changeants, découverte en traversée Autaret/Roure.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Beau le matin, se couvrant l’après-midi ; nebbia dans les vallées italiennes.

Récit de la sortie

Aujourd’hui c’est le retour en Haute-Ubaye pour trois jours d’itinérance-bivouac, autant dire que je me sens riche. Je n’ai pas d’objectif réellement arrêté, seulement des envies glanées au fil des topos d’AR.
L’une de ces envies, c’est le Plan de Parouart, dont les photos de Dyn’s en automne m’ont fait rêver. Alors le cap initial est tout décidé : ce sera le col de l’Autaret. Une fois là-haut je verrai si je pars vers le nord, qui m’est totalement inconnu, ou si je me dirige vers le sud.

J’ai pourtant des réserves à l’idée de découvrir le Plan de Parouart en été. Parce que j’ai bien vu que le Plan de Parouart c’est une saulaie, et les saules ne sont guère à leur avantage à cette saison. Mes appréhensions ne tardent guère à se dissiper. Non, le feuillage des saules n’a pas la magie des ors de l’automne ; mais il reste le mystère de ces bras d’eau qui s’entrelacent sous le bouillonnement des arbustes, dans un sillage de linaigrettes et de dactylorhizes.

Au-delà du décor de steppes du Plan de Chabrière, je me hisse au col de l’Autaret. Et là, petite déception. En ce début d’après-midi, la nebbia bouillonne déjà dans les fonds italiens. Je vois bien que si je pousse jusqu’à la Tête de l’Autaret il n’y aura plus grand-chose à voir.
Par contre, au sud, il y a une longue échine aux reliefs et aux coloris remarquables, où le roux le dispute au gris. Je comprends bientôt que c’est l’extrémité de la montagne de Maniglia. Formidable : j’avais justement pris le topo pour cette dernière, dont les photos m’avaient tentée. Si je trouve un sentier pour y monter, non seulement je me retrouverai sur l’itinéraire du topo, mais en plus je pourrai ensuite redescendre du côté du replat du Roure, qui figurait également à ma liste d’envies.

Il y a bien un sentier sur le flanc est, et je me hisse bientôt sur le dos de cette montagne polychrome où la diversité des coloris répond à celle des matériaux : cargneules, marbres et quartzites, c’est un régal.
Au sommet, si les horizons côté Queyras sont partiellement engloutis par les nuées, je profite en revanche du jeu des écharpes de brume qui s’effilochent sur les reliefs dans les lumières changeantes de la fin d’après-midi. Les lacs du Roure brillent comme des pièces d’argent.

A noter que la deuxième croix, sur la petite écharde de quartzite qui constitue probablement le véritable sommet topologique (photo #7 du topo), semble avoir disparu : je n’en ai pas vu ne serait-ce qu’un débris.

Après un grand moment de contemplation, il faut redescendre. Le relief et le topo sont aussi lisibles l’un que l’autre, et je guette le cairn qui doit indiquer l’entrée de la petite cheminée. Mais lorsque je parviens à sa hauteur, je regimbe comme un cheval devant l’obstacle.
Car la cheminée, passe encore. Mais pour l’atteindre il faut exécuter quelques pas, les pieds en adhérence et avec des prises de main qui ne sont pas aussi confortables que je les aimerais, non loin du vide. Mon trouillomètre m’annonce instantanément qu’avec le gros sac de bivouac il ne le sent pas du tout.

Je "vais voir" sans le sac, et ça ne me rassure pas plus que ça. Mais lorsque je retourne au sac, allez comprendre : je regarde de nouveau l’obstacle et d’un seul coup j’ai la conviction que ça va passer. Je parviendrai même à me tortiller dans la cheminée sans enlever le sac, je commence à comprendre ce que doit éprouver le Père Noël avec sa hotte, mais enfin je descends. J’en serai quitte pour une bonne bouffée d’adrénaline.

Le replat du Roure est un enchevêtrement de plis dans lesquels, sous le jour baissant, j’ai quelques difficultés à retrouver le lac de poche sur lequel j’avais jeté mon dévolu depuis le sommet. Heureusement que j’avais soigneusement noté quelques détails de la crête de la Pointe Haute de Mary pour me servir d’amer...J’installe mon bivouac très satisfaite de cette première journée, et du Maniglia !

. Randonnée réalisée le 15 juillet 2023

. Dernière modification : 23 juillet 2023 (Avertissements et Droits d'auteur)

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  • Bonjour
    Tu sais, je ne reconnais pas la cheminée que j’ai empruntée. Mais cela fait déjà pas mal d’années.
    La bonne cheminée, qui n’est pas évidente à trouver quand on ne l’a pas pris à la montée et munie de plusieurs spits pour assurer.
    a+
    alain

    Le 20 juillet 2023 à 18h03
  • Hello !
    Je m’empresse de préciser, à tout hasard, que ma description de ce passage ne constitue en aucun cas une critique du topo qui m’a été précieux.
    Je serais bien capable d’emprunter un itinéraire "sauvage" par erreur 🙂 mais en l’occurrence cela correspond à la photo #14 du topo de Dyn’s => https://www.altituderando.com/spip.php?page=album-photo&id_rando=4830. Et il y avait bien un cairn à l’entrée du passage en question.

    Dans la cheminée j’ai trouvé une vieille sangle, qui se voit également sur la photo de Dyn’s (à droite de la cavité noire inférieure), mais je n’ai vu ni cordes ni spits (ça ne prouve pas qu’il n’y en avait pas, au moins pour les spits). Après, comme expliqué ce n’est pas tant la cheminée elle-même qui m’a fait renâcler que les quelques pas qui mènent à son orifice, et au bord desquels le vide était trop présent à mon goût (je la combats, mais j’ai toujours la trouille du vide)

    Le 20 juillet 2023 à 19h57
  • A moins que...Dyn’s mentionnait la possibilité de sortir de la cheminée "à mi-chemin...par une étroite vire sur la gauche". Si c’est à cette "étroite vire" que menait le cairn que j’ai suivi, et que c’est la partie supérieure de la cheminée qui était équipée, cela expliquerait que je n’aie vu ni spits ni cordes, car Dieu sait que je n’ai pas pris le temps de regarder ce qui se trouvait plus haut dans ce passage 😄

    Le 20 juillet 2023 à 20h08
  • Je ne l’ai pas pris pour une critique.
    Simplement, cette cheminée ne correspond pas à mon souvenir.
    Il peut y avoir plusieurs passages dans cette barre rocheuse.

    Le 20 juillet 2023 à 22h26
  • Salut,
    Merci pour ton clin d’œil, le décor en or de l’automne me faisait rêver aussi avant que j’y aille ! Cette photo reste l’une de mes préférées que j’ai pu prendre :
    https://www.altituderando.com/IMG/jpg/3/3/b/img_7320.jpg
    Le printemps de "l’âge vert" dans le fond de vallée contrastant avec les hauteurs enneigées est fabuleux aussi :
    https://www.altituderando.com/IMG/jpg/b/1/3/img_0600-2.jpg

    Pour le Maniglia, j’ai peu de souvenir visuel de la cheminée aussi, encore moins des cairns, mais effectivement, on était sortis à mi-chemin par une vire.

    Belle ambiance sur la photo d’en-tête ! Sur la gauche, il y a le Monte Albrage, le Monte Cervet et Monte Freide que j’ai fait il y a quelques années, et au centre droit, on voit émerger la Rocca Castello, les brumes la mettent bien en valeur.
    Le lever de soleil sur l’Aiguille de Chambeyron avec le reflet dans le lac fait rêver aussi !

    Le 20 juillet 2023 à 23h03
  • Merci pour les noms des sommets ! J’aimais effectivement beaucoup la façon dont la Rocca Castello surgissait par moments de la brume comme une canine. Quant à la lumière de l’aube sur l’Aiguille de Chambeyron, c’était encore un de ces moments où on laisse le café refroidir dans la tasse pour s’emparer de l’appareil photo...

    Le 21 juillet 2023 à 21h37
  • Question bête. Le sentier versant est te fait passer où exactement ? Ign est floue dans ce secteur et opentopomap indique plusieurs sentes. Les granges de l’Autaret ne sont pas au même endroit sur les deux cartes.
    Le plus court fait descendre 250m du col pour remonter plus haut que le col. Whoah pas étonnant que tu aies hésité à la descente. C’est pas le vertige.

    Le 23 juillet 2023 à 09h53
  • Je n’avais que la carte IGN sous la main, mais a posteriori je me suis fait la même réflexion sur la position des granges de l’Autaret - que je n’ai absolument pas vues.
    Il se trouve que pas plus tard qu’hier je me suis procuré la carte italienne et je pense que c’est ce qui correspond le mieux au terrain : https://www.altituderando.com/IMG/jpg/4/b/f/carte-it.jpg

    Quant au passage qui m’a donné du fil à retordre lors de la descente sur le Roure, il s’agit seulement de franchir la barre rocheuse qui ne fait que quelques dizaines de mètres de haut (on la voit très bien sur la photo d’en-tête du topo). Ça suffit déjà largement à mon trouillomètre ça 🙂

    Le 23 juillet 2023 à 17h51
  • Non, ce n’est pas la cheminée de BA42. Ah que non !

    J’avais lu le topo de BA42 et en passant devant j’ai eu tout le temps d’apprécier ce passage, et j’affirme sans problème que ça ne ressemble en rien à la brêche que je vois sur les photos actuelles.

    Personnellement ce jour-là j’étais intéressé par un autre passage très discret situé derrière le Col du Roure, en Italie et qu’on ne voit qu’au dernier moment. Et encore faut y croire !

    Pour ceux que ça peut intéresser :

    On passe le Col du Roure et après quelques deux cent mètres on prend à gauche un plan plus ou moins herbeux qui devient une rampe déjà très pentue, longeant un petit ravin , et qui devient ensuite un couloir extrêmement raide avec un terrain hyper croulant.

    Là pour éviter un pédalage dans la choucroute peu productif il vaut mieux attaquer dans les rochers à droite. C’est tout aussi raide, faut mettre un peu les mains mais ça reste facile et ça se grimpe bien.

    Un conseil, en débouchant sur le plan incliné au sommet de ces pentes, il faut bien visualiser l’endroit où on sort sinon à la descente bonjour les grattages de tête.

    Le 25 juillet 2023 à 18h17
  • Décidément...amusante cette histoire de cheminée. La seule chose dont je suis sûre c’est que c’est bien celle qu’a empruntée Dyn’s dans son topo https://www.altituderando.com/spip.php?page=album-photo&id_rando=4830#&gid=1&pid=14.
    Sa photo : https://www.altituderando.com/IMG/jpg/0/d/e/P1130635.jpg
    La mienne :
    https://www.altituderando.com/IMG/jpg/c/4/3/16-p1310960.jpg

    Mais comme disait BA42, il est possible qu’il y ait plusieurs passages dans la barre.

    Le 25 juillet 2023 à 19h06
  • Bonsoir CourtePatte,
    Le coup du "Je vais voir sans le sac" est un très bon remède pour les situations où l’on se sent un peu mou pour franchir un passage. Et cela fonctionne : la preuve !
    Il existe une variante à cette méthode : c’est le coup du "je m’assoie, croque une petite barre énergétique et profite du paysage alentour", bien sûr sans regarder le pas à franchir. Quand, après quelques minutes, on reprend le chemin, tout bizarrement, cela va mieux, et le pas est franchi sans trop de problème...

    Le 25 juillet 2023 à 21h39
  • Je note pour la variante, merci ! je prends absolument toutes les astuces.

    Le 25 juillet 2023 à 22h58
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