Sortie du 18 septembre 2022 par Mika et Sylvain Pic Coolidge (3775m) arête sud, voie normale

Belle journée, conditions parfaites.
Course réalisée avec Mika.

Le Pic Coolidge, voila bien longtemps que je l’envisage dans un coin de ma tête, seulement celui-ci déborde de projets, que ce soit dans les Alpes ou les Pyrénées... Programmé en juillet, nous lui avions préféré à la dernière minute le Pic du Vaccivier par la Crête de l’Orient.

Début septembre Mika me confirme avoir son week-end du 17/18 de disponible. La date est fixée, bien sûr si la météo le permet...

Le rendez-vous est donné le samedi en début d’après-midi à la Bérarde, et c’est sous un soleil radieux et une température bien fraiche que nous montons tranquillement à Temple-Écrins.

En cette fin de saison nous sommes tout au plus une douzaine de personnes dans le refuge, et seule une autre cordée, un père et son fils s’apprêtent à gravir le Coolidge le lendemain.

Nous démarrons à cinq heures et demi dans une nuit noire et un froid mordant. J’apprécie beaucoup ces départs matinaux où notre univers se limite aux faisceaux de nos frontales, avant que l’aurore nous offre le spectacle de ses couleurs pastels par delà les montagnes.

Les premiers rayons de soleil illuminent le Pic du Says, les Rouies et la Pointe du Vallon des Étages peu avant notre arrivée au col de la Temple. De celui-ci les faces Nord du Glacier Noir et plus particulièrement des Ailefroide toutes proches est saisissante !

La température est encore très basse et malgré les gants les doigts piquent. N’ayant pas envie de chopper un onglet sur le rocher, nous attendons un peu que l’atmosphère se réchauffe. Pas de neige ni de glacier sur le parcours, donc aucun impératif horaire à tenir...

Peu de temps après, l’astre solaire libère de l’ombre le versant Est de l’arête Sud, nous pouvons repartir !

Quelques faciles passages grimpants, aisément protégeables en corde tendue nous conduisent à une étroite vire un peu plus exposée, mais en y allant tranquillement elle se franchit sans peine. Nous arrivons ensuite au couloir conduisant à la petite brèche, les prises sont bonnes et celui-ci est vraiment très ludique à grimper !

Ce couloir et la petite vire sont cotés en III dans les topos, nous n’y avons constaté aucun pas nécessitant une telle cotation. Mais attention, malgré cette relative facilité l’exposition est importante, et les mouvements s’enchainent les uns après les autres dans une belle ambiance aérienne.

Après cette brèche nous poursuivons sur une nouvelle succession de vires raides. À chaque fois que nous nous retournons, la verticalité déconcertante des Pic Sans Nom et du Coup de Sabre, ainsi que les Ailefroide dominant les crevasses du Glacier Noir nous émerveilles !

Les difficultés étant modérées et pour être plus libre de nos gestes nous choisissons de ranger la corde, préférant finir la course en solo. Même pour la descente nous ne la ressortirons plus.

De longs et abrupts ressauts nous conduisent ensuite sur un vaste plateau avant le raide final. La montée au col 3682m avant l’arête Est dans un terrain instable et croulant est usante, d’autant plus que nous commençons à ressentir les effets de l’altitude.

Mais la vue de celui-ci sur le pilier Sud des Écrins et le col de la Grande Sagne est tellement exceptionnelle que la fatigue se fait rapidement oublier !

Un dernier effort sur des roches délitées nous propulse sur ce que nous pensions être le sommet. Déception ce n’est que l’antécime...

La cordée père et fils est déjà sur le faîte et prend quelques photos de Mika et moi sur fond d’Ailefroide. Nous attaquons la très belle arête finale tandis que eux redescendent. Une halte en nous croisant sur ce vertigineux pont de pierre nous permet de récupérer les clichés instantanément grâce à Air Drop. Magie de la technologie dans un endroit un peu improbable...

Encore quelques petits pas d’escalade facile et enfin nous y sommes, quelle panorama extraordinaire ! Les géants des Écrins sont quasiment tous visibles, certains semblent si proche que l’on s’imagine pouvoir les toucher ! Même le Mont Blanc, la Vanoise et le Grand Paradis prennent place dans le paysage par cette belle journée pré-automnale.

Nous sommes seul sur le sommet du Coolidge, sans doute un privilège rare !

NB : ayant eu du mal à faire une sélection, j’ai eu la main un peu lourde pour les photos. Bravo et merci à celles et ceux qui iront jusqu’au bout...